Journal de campagne (10) : Toulouse, ville rouge

Toulouse, 6 avril 2012

Toulouse la ville rose est devenue hier Toulouse la ville rouge. La Place du Capitole mais aussi la Place Wilson et toutes les rues adjacentes submergées par une marée rouge venue saluer et écouter Jean-Luc Mélenchon. Pari une fois encore tenu pour le Front de Gauche : 70.000 personnes selon les organisateurs, 40.000 selon la police. La dynamique ne fléchit pas. Mélenchon est encore crédité aujourd’hui de 15 % des intentions de vote dans un nouveau sondage. « Elle est là la force qui s’assemble… Rien ne fera rentrer dans son lit le fleuve qui est en train de déborder » : la voix de stentor s’élève sur le Capitole. L’orateur ne résiste pas à la formule qu’il répète désormais de ville en ville devant des foules ravies et de plus en plus nombreuses. Le plus frappant, alors, est le silence qui s’installe. On a envie de dire : la qualité du silence qui plane sur le Capitole pour écouter le candidat qui se fait tour à tour lyrique et pédagogue.


Photos Lou.LP

« Je vous demande des comptes pour le malheur que vous représentez et les cinq années de souffrance, de grossièreté, de vulgarité et d’abaissement de la patrie que vous avez imposés », lance Jean-Luc Mélenchon à l’adresse de Nicolas Sarkozy. Le partage, l’égalité, la solidarité, Jaurès, le devoir d’insurrection, la République nouvelle, la souveraineté, la France belle et rebelle : Mélenchon décline son programme et ses valeurs. Alors le silence se fracasse et le peuple de Toulouse crie son envie de gauche. « Cette souveraineté il faut la reprendre à l’OTAN et à l’Europe », poursuit Mélenchon qui promet un referendum sur le sujet, s’il est élu. Ce n’est pas le meilleur discours du candidat du Front de Gauche qui est toujours plus accrocheur en salle qu’en plein air. Comme tous les vrais tribuns, il a besoin de la proximité du public et de son retour pour enflammer un peu plus ses paroles. Mais il n’empêche, la France n’a plus connu ce genre de rassemblements depuis la campagne de 1981 quand il s’agissait de « changer la vie ». Mélenchon ne parle pas longtemps : à peine trente minutes, un goût de trop peu. La fatigue peut-être, comme pour tous les candidats qui sont sur la brèche depuis des mois. Mais l’assistance vibre. Il y a comme une fierté de retrouver le rêve et d’exprimer sa radicalité.

Tous les visages de la gauche se côtoient sur la place rouge de la Catalogne française : les vieux briscards du PCF et de la CGT, les jeunes militants dont le rouge est teinté de vert, la cohorte des enseignants et des étudiants qui sont légion à Toulouse. La réunion se termine : l’Internationale – ici on connaît les paroles – et la Marseillaise. « Dans les rues et dans les facs, on lâche rien, on lâche rien, on lâche rien » : des bandes de jeunes chantent encore sous la pluie.

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