Le spectre de Villeneuve sur Lot

On n’a pas fini de tirer les leçons de l’élection partielle qui s’est déroulée dimanche dernier à Villeneuve sur Lot. Certes, dans le duel UMP/ FN, c’est la première qui l’a finalement emporté. Mais le candidat frontiste pouvait se targuer de qu’il a appelé une « victoire idéologique ». Dans cette vieille terre de tradition radical-socialiste, il a quasiment doublé son score entre les deux tours, gagnant 7000 voix et faisant du parti de Marine Le Pen une alternative qui ne peut plus se résumer à la seule posture de la protestation.


Un Front Républicain fragilisé…

Le candidat de l’UMP doit, lui, sa victoire aux votes des électeurs de gauche qui ont sans enthousiasme respecté le mot d’ordre d’un front républicain de plus en plus fragile. D’ailleurs, de nombreux électeurs socialistes ont préféré le vote blanc ou nul. Et la digue n’est pas loin de se rompre. On n’est plus en 2002 quand les électeurs de gauche se résignaient mais massivement à voter Chirac pour faire barrage à Le Pen. Il faut dire que depuis la dernière campagne présidentielle de Sarkozy inspirée par son conseiller maurassien Patrick Buisson, les frontières entre droite et extrême-droite se sont estompées. Et qu’il devient difficile pour un électeur de gauche de voter pour une UMP de plus en plus droitisée. D’autant que la même UMP sous la houlette de Jean-François Copé ne veut plus trancher, le cas échéant, entre le PS et le FN.


et un PS tétanisé…

De plus, ceux qui remettent en cause la vieille formule du Front Républicain estiment qu’elle consolide finalement Marine Le Pen dans son amalgame UMPS. Et sans doute le manque de distinction clairement affirmée entre les politiques de la droite et de la gauche gouvernementale fait-elle le jeu du Front National. Mais du côté socialiste on n’envisage aucun changement de cap politique et l’on n’a pas trouvé d’alternative à ce front républicain qui a, malgré tout, empêché de justesse l’élection d’un député FN, ici à Villeneuve. La question se posera avec encore plus d’acuité lors des municipales de 2014. La gauche était habituée à ce que le FN soit un handicap pour la droite, elle doit à présent, elle aussi, affronter la concurrence de l’extrême droite qui recrute désormais ses soutiens dans tout l’arc politique, et en notamment, dans son électorat populaire. Et face à ce spectre devenant réalité, le Parti Socialiste, reste sans voix, comme tétanisé.

Ce contenu a été publié dans Blog. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.