Le scénario se serait déroulé dans un de ces régimes ilibéraux que les démocrates européens s’en seraient vertueusement indignés. Mais la France, Monsieur, ne saurait être soupçonnée de brader l’état de droit. Et pourtant, le dernier avatar du macronisme s’apparente tout simplement à une forfaiture.
Jamais la Ve République n’avait connu une telle alliance de perdants et de surcroit minoritaires à l’Assemblée. Il arrive dans les pays qui pratiquent la proportionnelle que des coalitions intègrent quelque parti ayant connu la défaite. En général ils jouent le rôle de supplétif quand les vainqueurs n’ont obtenu qu’une majorité trop étroite. Mais jamais un gouvernement n’est constitué que de perdants. Dans ce domaine le président de la République restera dans l’histoire comme un triste novateur coupable de dérives dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences, mais dont la première est une dévalorisation des institutions et la négation du processus électoral.
Jamais la Ve République n’a connu un gouvernement aussi à droite tant sur le plan social que sociétal alors même que les électeurs avaient mis la gauche en tête du scrutin et qu’une bonne part des élus de droite devaient précisément leur survie à ces mêmes électeurs grâce au front républicain. Avec un ministre de l’intérieur — Bruno Retailleau — qui remplit d’aise l’extrême-droite et des ministres qui brandissent fièrement leur conservatisme le plus rance, la vraie nature du macronisme s’étale sans vergogne. Il est vrai que le gouvernement Barnier doit son existence au Rassemblement National qui a sur lui droit de vie et de mort.
Depuis son accession à la tête de l’État en 2017, Emmanuel Macron a multiplié les contorsions idéologiques dont même ses partisans les plus dévoués ont du mal à cerner la cohérence, mais dont on devine qu’elles étaient uniquement destinées à assurer son pouvoir personnel et dont la conséquence la plus évidente est d’avoir renforcé l’extrême droite jusqu’à lui offrir la possibilité de gouverner.
Ce qui se passe aujourd’hui est unique dans l’histoire de la République. La gauche sera-t-elle capable de s’y opposer avec une chance de succès ? Rien n’est moins sûr. L’unité de la gauche incarnée dans le Nouveau Front Populaire est une condition incontournable de la résistance à l’offensive réactionnaire qui sera l’image de marque du nouveau gouvernement minoritaire. Si cette unité est exaltée dans les manifestations populaires, elle ne se décrète pas et les conditions de son existence sont fragiles. Près de la moitié du PS rêve encore à un gouvernement Cazeneuve qui ne pourrait que ressusciter une forme de hollandisme qui a été fatal aux socialistes. Les Insoumis restent à juste titre les défenseurs du programme du Nouveau Front populaire, mais les calculs présidentiels de Jean Luc Mélenchon risquent de compromettre l’élan unitaire. Et la gauche se doit de débattre de sa stratégie commune et de la nature de ses alliances qui reste la base d’une action victorieuse. Si François Ruffin s’est égaré dans ses propres visées personnelles dans des termes indignes, il n’en reste pas moins que la question qu’il pose de l’abandon de la classe ouvrière est essentielle pour l’avenir de la gauche. Aujourd’hui l’indignation face aux manœuvres illégitimes d’un coup d’État rampant mobilise. Mais au-delà de ces manifestations, le maintien d’une proposition politique unitaire sans naïveté, mais dans la clarté est la condition pour la gauche de ne pas s’enfoncer dans l’impuissance.
le pouvoir avec Macron c’est donc désormais à qui perd gagne! Quant à Ruffin et bien d’autres représentant-e-s et candidat-e-s du NPF, il leur a fallu faire campagne quasiment sans, voir contre JLM tant il a fait de surenchères et je pense que Ruffin en particulier a fini par craquer tant il est difficile de faire vivre un peu de décision commune à LFI , jusqu’à affirmer 5 mn après la clôture du vote et sans en référer à quiconque du npf qu’il faudra appliquer tout le programme du npf… pourtant ce qu’il faut retenir de la séquence c’est la belle mobilisation au délà des partis et des syndicats contre le rn, des citoyen-e-s bien mal payé de retour avec ce gouvernement ultra droitier… sale temps!