Face à la crise :Réduire le temps de travail

La réduction du temps de travail est décidemment un véritable épouvantail. C’est naturellement le cas en France où l’on célèbre le 10e anniversaire de son introduction par Martine Aubry, alors ministre de l’emploi de Lionel Jospin, mais c’est vrai aussi ailleurs et on n’y échappe pas chez nous. Haro sur la RTT ! Un peu partout les milieux patronaux et la droite libérale notamment – mais ils ne sont pas le seuls- se livrent à une véritable propagande qui ne correspond pas à la réalité des faits. Des discours répétés à l’envi veulent nous faire croire que les 35 heures seraient responsables de tous les maux économiques.

Or, à y regarder de plus près, on doit constater que le bilan de ces 35 heures est nettement positif tant en termes d’emplois que d’organisation de l’entreprise. Certes cette réduction du temps de travail n’a pas profité également à tous et certains secteurs ont subi des effets négatifs tandis que d’autres tentaient d’en effacer les effets par des mesures perverses. Mais globalement les résultats ont été bénéfiques pour les travailleurs comme pour les employeurs. En France, le département statistique du ministère du travail, peu enclin à la complaisance en la matière, reconnaît que les accords des 35 heures ont permis de créer ou de sauvegarder quelques 350.000 emplois. Et il est significatif qu’un très petit nombre de patrons aient finalement dénoncé ces accords. D’autre part, diverses enquêtes indiquent bien que les salariés considèrent la RTT comme un acquis social totalement intégré dans leur mode de vie

Depuis le début de la crise elle a permis de retarder ou de réduire les licenciements ou le chômage partiel. Et d’une manière plus générale elle a changé les rythmes entraînant des rééquilibrages des modes de vie et des rôles sociaux (notamment entre hommes et femmes). A travers l’histoire, la réduction du temps de travail a toujours constitué un des socles fondamentaux du progrès social. De plus, aujourd’hui le partage du travail est une des réponses essentielles que l’on peut opposer à la crise. Quand, chez nous, la FGTB remet cette question au centre du débat, elle joue pleinement son rôle même si jusqu’ici elle suscite plus de réserves que d’enthousiasme, y compris chez certains de ceux qui s’affirment les défenseurs du monde du travail.

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