Le commencement d’un monde

« Le commencement d’un monde » pour commencer cette nouvelle saison de chroniques .Car finalement tout au long de nos rendez-vous hebdomadaires les questions que nous abordons sont aussi celles que se posent et creusent, livre après livre, l’écrivain et journaliste Jean Claude Guillebaud. Depuis 1995 avec « La trahison des lumières » jusqu’à « La force de conviction » en passant par « La refondation du Monde » ou « Le goût de l’avenir », pour ne citer que ceux-là, Guillebaud interroge nos désarrois, nos craintes et nos espoirs avec une érudition, une intelligence et un sens de l’observation jamais démentis. Il nous a donné matière à réflexion et à débat en bousculant quelques idées reçues particulièrement prégnantes dans la culture médiatique.

Cette fois, avec ce « Commencement d’un monde », paru comme toujours au Seuil, l’auteur conclue un cycle dans l’esprit qui le définit : refus des clichés et de la soumission, ouverture vers l’autre, exigence vis-à-vis de soi-même. « Vers une modernité métisse » est à la fois le sous-titre et le centre d’un ouvrage qui est, en quelque sorte, l’anti-choc des civilisations. Car si la longue séquence historique de l’hégémonie occidentale prend fin, si le Centre se déplace au profit de la périphérie, en fait, et contrairement aux apparences, les civilisations se rapprochent les unes des autres, affirme Guillebaud qui s’arrête longuement sur les sociétés et les cultures en mouvement comme la Chine et l’Inde.

« Le métissage, écrit-il, ce n’est pas la négation des différences mais leur combinaison créative. Le métissage n’annihile pas les catégories – nationales ou ethniques – d’origine, il les mêle dans le creuset d’où naîtra une identité « autre ». Et d’insister sur ce point essentiel : la modernité métissée est « à la fois un prolongement de l’ancienne modernité européenne et une rupture avec l’occidentalo-centrisme de celle-ci. » Il y a, dans ce livre, bien d’autres réflexions que je vous invite à découvrir sans tarder. Face au « chaos-monde » – celui de la mondialisation- et aux identités toujours meurtrières que nous rappellent l’actualité quotidienne, Guillebaud veut, comme toujours faire preuve d’un optimisme lucide qui exclut en tous cas la résignation.

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