Journal de campagne (1) : Sondez, sondez, il en restera toujours quelque chose…

Cette chronique entame mon « Journal de campagne » des présidentielles.

A un moment ou l’autre de la campagne présidentielle survient la polémique sur les sondages ! C’est un épisode incontournable de la course à Élysée. Il ne manque jamais. Et le débat se reproduit toujours dans les mêmes termes quant aux actionnaires des instituts, à leurs méthodes, au sérieux des enquêtes, à la valeur des échantillons sans oublier évidement l’influence plus ou moins pernicieuse des sondages sur les électeurs, les médias et les candidats eux-mêmes. Et bien sûr, il se trouve toujours une voix pour demander l’interdiction ou la limitation plus drastique des enquêtes et une autre pour s’indigner de cette proposition liberticide.

Et bien, c’est fait, pour la campagne 2012, la polémique vient d’éclater suite à la publication de plusieurs sondages aux écarts spectaculaires selon les différents instituts. Alors que les uns annonçaient un resserrement entre les deux candidats – il n’y avait plus qu’un point de différence entre Hollande, toujours en tête et Sarkozy, les autres maintenaient un solide écart de près de 7 points entre les deux hommes. Tous se rejoignaient cependant pour résumer la bataille à un duel et confirmer la très nette avance du candidat socialiste, crédité de 56 à 58 % au second tour. Les sondages font partie de l’exception française. Aucun autre pays au monde n’est aussi sondé. Trois cents sondages en moyenne pour une campagne présidentielle. Et même s’ils se trompent régulièrement – les sondages n’avaient pas prévu, par exemple, la présence de Jean Marie Le Pen au 2eme tour en 2002 –, les commanditaires, médias et états-majors des candidats, restent toujours aussi friands de ces petits frissons successifs qui scandent la campagne.

On nous avertit toujours : il ne s’agit que d’un instantané, d’une photo de l’opinion à un moment donné. Mais voilà la photo est floue et l’accumulation de flou ne fait pas net. Alors chacun se débrouille avec son interprétation de l’humeur présumée de l’électeur et le sondage finit toujours par interagir. On peut penser, par exemple, que la dernière proposition fiscale impromptue de François Hollande – la création d’une nouvelle tranche d’imposition de 75 % pour les revenus au-delà du million d’euros – n’est pas étrangère au resserrement annoncé dans les sondages. Du coup, déchaînement à droite où on parle de marxisation du PS sinon de soviétisation hollandaise. Face à un Sarkozy qui tente, sans vergogne et avec tous les culots de se présenter comme le candidat du peuple et des petits face au système dont il est pourtant le symbole le plus achevé, Hollande le renvoie à son image de président-candidat des riches [[A propos des riches, ne manquez pas l’ouvrage de Thierry Pech, directeur de la rédaction d’Alternatives économiques, Le Temps des Riches– Anatomie d’une sécession, Le Seuil, 2011.]]. Bien joué ! Mais on reste-là dans la stratégie et le symbolique. L’une et l’autre sont importants dans une campagne mais ne définissent pas pour autant la vraie nature idéologique du candidat…

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