La crise des crises

Parfois on a l’impression qu’il ne s’est rien passé, que pour certains la crise n’est qu’un mauvais rêve. Voyez, lisez, écoutez le retour des pubs bancaires avec les même offres alléchantes qu’auparavant. On sait pourtant parfaitement que les taux promis ne pourront pas être soutenus bien longtemps face aux décisions de la Banque centrale européenne. Observez cette bourse qui continue à jouer au yo-yo. Vous vous souvenez du fameux système des ventes à découverts qui permet de vendre des titres que l’on ne possède pas et que l’on rachète demain en tablant sur la baisse. Ce système que les bourses avaient été contraintes de suspendre, je vous fiche mon billet qu’il ne tardera pas à réapparaître, si ce n’est déjà fait ici et là…

Les leçons de la crise, disait-on : de la régulation, des règles, de la rigueur. On n’en voit guère de trace. Par contre les licenciements se multiplient. Et tous ne sont pas provoqués par la récession mais aussi par la volonté de certains secteurs qui en profitent pour « dégraisser », comme on dit. Et l’état qui a déjà du voler au secours des banques, le plus souvent sans contrepartie sérieuses, se voit sommer de diminuer la fiscalité des entreprises pour permettre le maintien des profits. A-t-on oublié, par ailleurs l’usage que les entreprises ont fait des milliards de réduction de cotisations sociales consenties depuis deux décennies ? Ce qui devait permettre de développer l’emploi a d’abord été utilisé pour gonfler les profits. Comme le suggère l’économiste Frédéric Lordon, sans une limitation fiscale et réglementaire de la rémunération des actionnaires exigeant des taux de rendement qui pressurent les salaires, rien ne changera. Plus largement les innombrables plans de relance répondent certes à l’urgence ou accélèrent des mesures prévues de longue date mais aucun ne globalise la question des crises.

Car, c’est bien là que se situe la question : pour être à la hauteur des enjeux les plans doivent prendre en considération toutes les crises qui se développent simultanément : crise financière et économique mais aussi climatique, énergétique et alimentaire. C’est le moment de choix vitaux aux conséquences incommensurables pour l’avenir de la planète et des générations futures. Réguler dans ce cas, c’est aussi choisir et planifier. C’est-à-dire une entreprise quasi révolutionnaire.

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