En France, deux événements récents viennent de nous rappeler les dangers des lois antiterroristes et plus largement des dispositifs répressifs systématiques utilisés comme mode de gouvernement. L’affaire de Tarnac, d’abord. Neuf jeunes mis en examen pour fait de terrorisme, 5 interpellées et dont 3 finalement libérés ce mardi. En fait de terrorisme, ces personnes sont soupçonnées d’avoir commis des actes de sabotage contre des lignes de TGV.
Première remarque : assimiler à du terrorisme de tels actes de malveillance répréhensibles mais qui ne mettent aucune vie en danger est non seulement abusif mais dangereux en ce qu’il revient à banaliser le terrorisme et à affaiblir de fait la véritable lutte antiterroriste. Deuxièmement, contrairement aux premières affirmations, les autorités judiciaires ne disposent d’aucun élément de preuve contre les prévenus. On leur reproche de vivre en communauté, de contester le système, de manifester, de lire certains livres, et le comble, de ne pas avoir de téléphone portable comme expression possible de velléités clandestines. Bref, jusqu’ici, et à preuve du contraire, on leur reproche un mode de vie et une façon de penser. On est là face à un double montage extrêmement inquiétant pour l’état de droit, montage policier, d’un côté, construction idéologique de l’autre qui vise à criminaliser la critique sociale et politique.
On n’est pas loin de la fameuse affaire du soi-disant retour des CCC qui en avait défrayé la chronique et emballé les médias chez nous en juin dernier avant de se dégonfler lamentablement.
Dans un autre registre, mais finalement pas si éloigné que cela, il y a eu aussi en France le weekend dernier l’arrestation aussi rocambolesque qu’inquiétante d’un journaliste de Libération, ancien directeur de la publication, poursuivi pour diffamation. Exercice d’intimidation, arrestation brutale, procédure d’exception et procédés humiliants qui ont finalement fait réagir jusqu’au sommet de l’état.
Le rapprochement entre les deux affaires n’est pas innocent : il nous fait remarquer que la multiplication des lois et dispositifs répressifs, sous prétexte d’antiterrorisme ou d’autre, crée finalement un climat répressif lourd d’abus et source de tous les dangers pour la démocratie.