Les éternelles droites françaises

C’est René Rémond, autorité majeure en histoire politique qui avait introduit la distinction. En 1954 déjà, René Rémond avait publié « Les Droites en France », devenu au fil des temps, l’ouvrage de référence en la matière et que l’historien, aujourd’hui disparu, avait régulièrement mis à jour. Mais le modèle politologique est dessiné dès l’origine et s’est imposé comme un classique. René Rémond distingue trois droites issues des affrontements de la révolution française : les droites légitimiste (droite contre-révolutionnaire), orléaniste (droite libérale) et bonapartiste (droite autoritaire et plébiscitaire). La distinction est toujours opérante.


Un classique…

La crise de la droite française depuis la défaite de Nicolas Sarkozy illustre encore cette structuration conflictuelle des droites françaises. L’affrontement Fillon/Copé pour le contrôle de l’UMP et, à terme, la candidature à la prochaine présidentielle, a été une parfaite illustration de cette division : l’ancien premier ministre incarnant pleinement la droite orléaniste tandis que le secrétaire générale de l’UMP peut se reconnaître dans la tradition bonapartiste. Même si le mouvement d’opposition à la loi, désormais adoptée, sur le mariage homosexuel a redessiné les contours de la droite française. On a vu apparaître ou réapparaitre à cette occasion une droite catholique traditionaliste aux options radicales, s’inscrivant à la fois dans le courant conservateur et même réactionnaire et dessinant sous des formes modernes un mouvement sociétal que l’on pensait enfoui dans les catacombes.


Le jour de la Fête des Mères…

Des nouvelles figures ont émergé, des bataillons de jeunes sont sortis dans la rue et l’Eglise a réinvesti sans complexe, et aussi sans nuance, le champ politique militant. Pour la droite, cela donne à la fois un mouvement et des fractures. D’autant que ce mouvement a aussi pour caractéristique d’avoir des marges perméables avec l’extrême droite. François Copé tente de récupérer ce qui risque de devenir un « Tea party » à la française, synthétisant pour le coup droite légitimiste et bonapartiste sans hésiter à emprunter quelques accents que ne renierait pas le Front National. Dimanche dernier, cette nouvelle droite radicale manifestait donc une dernière fois contre une loi déjà adoptée. Elle avait choisi pour ce faire le jour de la fête des Mères, invention de la France vichyste….

Ce contenu a été publié dans Blog. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.