Impuissances et interrogations social démocrates

Honneur aujourd’hui à Leipzig à Ferdinand Lassalle qui le 23 mai 1863 créa l’association générale des travailleurs allemands qui sera à l’origine de l’actuel Parti Social-démocrate allemand. Le SPD fête donc aujourd’hui en grande pompe ses 150 ans. Historiquement, le SPD a été le phare idéologique de la sociale démocratie. C’est aussi lui qui, le premier, en 1959, lors de son congrès de Bad Godesberg, abandonna toute référence au marxisme et assuma un réformisme qui glissera progressivement vers le social libéralisme. Et il ne faut pas oublier que les fondements de la politique d’Angela Merkel ont été posés par le social-démocrate Schroeder qui inaugura la politique d’austérité et s’attaqua sans complexe à la réforme du marché du travail.


De Lassalle…

De fait, la modernité du SPD tant vantée par les observateurs libéraux a toujours correspondu dans ses différentes phases à un recentrage vers la droite. Aujourd’hui le SPD aimerait reprendre son rôle de guide d’une social-démocratie en crise et en panne de repères. En marge de cet anniversaire, il a donc réuni plus de septante partis qui entendent fonder une nouvelle « Alliance progressiste » appelée à remplacer la vielle Internationale Socialiste discréditée par son fonctionnement bureaucratique, son inexistence politique et aussi pour avoir longtemps abrité des partis peu recommandables comme ceux du tunisien Ben Ali ou de l’ Egyptien Moubarak dont les valeurs avaient peu de rapport avec celles de Friedrich Engels, le fondateur de l’Internationale. Mais que l’on ne s’y trompe pas, ici aussi, les inspirateurs de cette nouvelle alliance, sous couvert de modernisation, entendent « recentrer » la social-démocratie mondiale et notamment élargir ses rangs à une formation comme le Parti Démocrate américain ou le Parti du Congrès indien.


…à Schroeder : 150 ans de recentrage

Etrange paradoxe car depuis la fin des années glorieuses d’une social-démocratie qui partageaient les fruits de la croissance avec le capitalisme productif, depuis la chute du mur de Berlin et ensuite la crise financière, les partis sociaux-démocrates ne sont plus que les accompagnateurs trop dociles d’un capitalisme financier qui dicte sa loi. Et ce n’est pas une voie sociale libérale encore accentuée qui permettra aux vieux partis socialistes d’offrir une alternative crédible ni de retrouver l’hégémonie d’antan.

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