« Le populisme n’est rien d’autre qu’une réponse confuse mais légitime au sentiment d’abandon des classes populaires des pays développés face à la mondialisation et la montée des inégalités. Il faut s’appuyer sur les éléments populistes les plus internationalistes –donc sur la gauche radicale incarnée ici et là par Podemos, Syriza, Sanders ou Mélenchon, quelles que soient leurs limites- pour construire des réponses précises à ces défis, faute de quoi le repli nationaliste et xénophobe finira par tout emporter ». Dans sa dernière chronique du Monde, [[« Vive le Populisme », Le Monde 15/01/2017 – Voir aussi mon Blog-Notes : « Peut-on se dire populiste et fier de l’être » http://blogs.politique.eu.org/Peut-on-se-dire-populiste-et-fier ]] l’excellent Thomas Piketty définit parfaitement et en quelques lignes les raisons et l’enjeu du populisme. On peut certes diverger sur telle ou telle appréciation concernant les différentes forces de la gauche radicale mais le propos est cadré avec justesse et pertinence.
Le populisme de gauche – internationaliste- est aujourd’hui une partie de la solution à la crise globale que traverse ladite-gauche. N’en déplaise à ceux qui dénoncent précisément le « populisme » de toute gauche alternative pour tenter de préserver le sort d’une gauche de gouvernement ravagée par l’usure d’un pouvoir partagé depuis des décennies avec une droite libérale qui lui a imposé son hégémonie politique et culturelle. [[Paul Magnette qui aime à signer des textes communs avec Thomas Piketty Voir « L’Europe doit inventer une nouvelle mondialisation » http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/01/12/l-europe-doit-inventer-une-nouvelle-mondialisation_5061480_3232.html#ZxIeo4WTuM5ypClB.99 (re)lirait avec profit ce « Vive le Populisme »]]
Dans la même veine, Piketty indique que rien ne sera possible pour la gauche dans le cadre du Traité budgétaire européen de 2012. « Le traité de 2012 est une erreur monumentale qui enferme la zone euro dans un piège mortifère, en l’empêchant d’investir dans l’avenir » et de rappeler qu’ « entre 1945 et 1955 (…) un mélange d’annulations de dette, d’inflation et de prélèvements exceptionnels sur le capital privé » ont permis à l’Allemagne et la France de se débarrasser d’une dette similaire à celle que l’on connaît actuellement. Les mêmes mesures s’imposent aujourd’hui.
La révision du traité de 2012 est certes indispensable mais, en, fait, c’est bien l’ensemble de l’architecture européenne, en particulier depuis le Traité de Maastricht et ses politiques d’austérité, qui doit être reconstruite. De ce point de vue également, la gauche de gouvernement qui a signé quand elle n’a pas porté ces traités ne sortira pas de la crise sans un profond aggiornamento. On est loin du compte quand, chez nous, les propositions du PTB qui vont dans ce sens – et qui sont d’ailleurs une des conditions à son éventuelle participation au pouvoir (si la question se pose…) sont balayées d’un revers de la main par le centre gauche. En France, le contexte n’est guère plus favorable. Si naturellement Jean Luc Mélenchon fait de cette révision son cheval de bataille, les candidats de la primaire de gauche y sont opposés (comme Valls, évidemment) ou demeurent ambigus ou imprécis (comme Hamon et Montebourg). Si les débats de la primaire – dont le prochain a lieu ce dimanche soir – n’affrontent pas pleinement cette question, le PS, en particulier, creusera un peu plus le sillon de sa disparition. Si une gauche peut encore s’affirmer en son sein, elle devra aller au-delà des discours sur le revenu universel ou sur le nationalisme économique. La ligne de fracture passe par une position claire sur le sort réservé aux traités européens.