L’Europe et le double langage

J’entendais ce matin sur cette antenne ( celle de La Première-RTBF), le président du PS s’emporter de forte manière sur cette Commission Européenne qui n’a, disait-il, que des recettes de droite, ne sait que prôner l‘austérité et prive les parlements, les gouvernements et les partis de leur pouvoir de décision. Justes et fortes paroles de Paul Magnette qui dénonçait les nouvelles mesures antisociales imposées par la Commission à la Belgique pour échapper à l’amende de 750 millions d’euros pour son déficit excessif. On comprend le courroux du Président du PS.


Du double langage...

Mais la véritable nature de son discours pose tout de même quelques questions. Car, après tout, la politique menée par le gouvernement Di Rupo est largement inspirée des recommandations européennes. Certes, j’entends l’objection qui fuse : il s’agit d’un gouvernement de coalition, les rapports de force sont ce qu’ils sont… Soit ! Mais par ailleurs, si j’ai bien entendu les propos du Président du PS, j’en déduis que les parlementaires socialistes ne vont pas ratifier le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union européenne, le fameux Traité budgétaire, dit TSG soumis à la ratification des 27 et qui doit encore être débattu dans nos assemblées représentatives. Ce traité durcit encore les règles budgétaires et renforce la politique dénoncée ce matin par Paul Magnette. Et bien pas du tout ! Détrompez-vous les parlementaires socialistes, sauf retournement peu probable, voteront le TSG. Ils l’ont d’ailleurs déjà approuvé en Commission sénatoriale. Un vote justifié par la nécessité d’une « politique responsable » et la possibilité d’avoir recours au Mécanisme de Solidarité Européenne en cas de difficultés supplémentaires. Un recours qui exige la ratification préalable du traité et dont les conditions en matière d’austérité, sont elles aussi, draconiennes. Contorsion politique et double langage : on a le choix des mots. Mais le PS n’en a pas le privilège.


…à la géométrie variable

Ecolo sait aussi faire dans le genre. Les Verts qui ont démonté et démontré la nocivité du TSG dans leurs études et discours adopteront une attitude à géométrie variable : sauf changement de dernière minute, ils voteront contre le TSG au fédéral puisqu’ils sont dans l’opposition et pour le traité dans les assemblées régionales puisqu’ils y sont dans la majorité. Outre l’incohérence politique, cette pratique du double discours est le pire service que l’on puisse rendre à la politique. Et en attendant bon courage aux militants et aux mandataires des deux partis pour expliquer et défendre une chose et son contraire…

Ce contenu a été publié dans Blog. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.