On vient de vivre ce que les « experts en expertises » de campagne présidentielle appellent une séquence. Et cette semaine, c’était donc la séquence Sarkozy qui assurait un meeting monstre et une kyrielle de prestations médiatiques. Le président-candidat avait plutôt raté son entrée en campagne, il devait se rattraper pour démarrer ce que les mêmes experts appellent une « storytelling » positive, c’est-à-dire un récit gagnant et Nicolas Sarkozy qui s’y connait en matière d’apparences et de communication est doué pour la partition. Au cours des derniers jours, il a donc été omniprésent sur toutes les scènes. Cela frisait le don d’ubiquité.
Sur le plan politique, il avait déjà largement labouré les terres de l’extrême droite avec sa polémique sur la viande halal et l’immigration. Lors de son meeting de Villepinte, il assurait encore de ce côté en évoquant la sortie des accords de Schengen. Mais il louchait aussi du côté des partisans du non au referendum sur l’Europe en plaidant pour un certain protectionnisme et la taxation des exilés fiscaux. Bref, un catalogue tous azimuts sous l’enseigne du combat du peuple contre les élites. Le président sortant suivant en cela les conseils de son conseiller le plus influent. Car c’est bien Patrick Buisson, issu de la droite maurassienne, ancien responsable du journal d’extrême-droite Minute dans les années 80 et par ailleurs PDG de la Chaîne Histoire, filiale de TF1, qui a inspiré à Nicolas Sarkozy sa ligne de campagne. Résultat de la fameuse séquence : un sondage qui pour la première fois plaçait Sarkozy en tête au premier tour. Enfin le croisement des courbes, tant désiré, tellement espéré. Celui qui pouvait changer la dynamique et redonner la baraka au président. Mais à droite l’exultation est courte car quelques heures plus tard, un autre sondage donnait toujours un sérieux écart en faveur de François Hollande. Une dernière enquête mettait hier soir les postulants a égalité. Au 2e tour, le rapport de force reste, dans tous les cas, au net avantage du candidat socialiste. Les sondeurs eux-mêmes insistent sur l’effet mécanique que devait produire la surexposition médiatique du locataire de l’Elysée.
Alors, bilan de la séquence Sarkozy : mitigé. Un effet psychologique pour le Président et ses troupes dont le moral était au plus bas : sans doute, mais sera-ce suffisant pour inverser la tendance ? La semaine prochaine une double séquence avec la contre-attaque de François Hollande et la prise de la Bastille préparée ce samedi par Jean-Luc Mélenchon – désormais à 11 points dans le sondages et dont ce sera le meeting phare.