On a beau vitupérer sur l’hypermédiatisation démente de ces malheureux 135 signes, on ne peut décidément échapper à l’affaire de ce Tweet qui pollue la fin de campagne des législatives. D’abord pour ce rappel banal mais apparemment pas inutile quand on entend nos différents docteurs es-réseaux sociaux pour dire que décidément ceux-ci sont les instruments les plus pernicieux de l’effacement des frontières entre le privé et le public. L’instantanéité et l’absence de distance qui les régissent, le primat de l’émotivité qui les conduit jusqu’ à – parfois – les faire ressembler à un cri primal, l’urgence sans objet qui semble les guider : voilà autant de raisons de bannir cette réduction de l’expression du champ politique.
Mais, bien sur, au nom de la modernité et de la primauté de la communication, il n’est plus aujourd’hui un dirigeant de ce monde qui pense pouvoir s’en passer. D’autant qu’ils ne sont pas loin de prétendre du même coup tracer ainsi une nouvelle manière de faire de la politique, alors qu’ils ne reproduisent généralement que des schémas encore plus figés et simplistes que ceux des pratiques d’antan. Ces considérations valent pour tous les responsables politiques d’ici et d’ailleurs et éventuellement pour leur compagne ou compagnon qui se croient investis de missions et de pouvoirs qui ne leur ont pourtant pas été attribués. Mais, dans le cas qui nous occupe, celui du locataire normal de l’Elysée et celle de sa cohabitante un peu moins raisonnable, l’effet est particulièrement dévastateur.
Sans doute, en dehors de la circonscription concernée, tout cela ne déplacera pas trois voix dimanche prochain. Même si la péripétie du Tweet permet à la droite d’esquiver un débat gênant sur son attitude équivoque à l’égard du Front National. Mais, surtout, désormais le ciel médiatique de François Hollande est plombé. L’information spectacle qui est aujourd’hui l’essentiel de l’information n’arrêtera plus de se nourrir et d’amplifier encore et toujours cet épisode à la fois pathétique et dérisoire qui empoisonnera pour longtemps ce début de quinquennat. Peut-être aussi parce que dans cette république plus monarchique que les royautés, dans ce théâtre d’ombres à nul autre pareil où les âmes faibles se brulent au soleil du pouvoir, les secrets d’alcôve sont aussi importants que les secrets d’état et que le vaudeville n’est jamais loin de la tragédie.