Cette fois, la campagne électorale italienne est bien sur orbite. Après avoir tergiversé sur l’attitude à adopter, Mario Monti semble apprendre très vite les ficelles de la politique. Le président du conseil démissionnaire qui ne figure pas personnellement sur la liste qui porte son nom est cependant candidat à sa propre succession. Et il se départit difficilement de l’ambiguïté du personnage qui veut encore jouir de son image de technocrate au-dessus des partis mais qui, en même temps, ne peut plus s’empêcher d’attaquer ses rivaux. Désormais tout ceux qui ne se situent pas dans la logique d’austérité sont qualifiés par le « Professore » d’extrémistes à qui il faut couper les ailes, comme il dit.
Ainsi, il y a quelque jours, a-t-il stigmatisé la gauche du Parti Démocrate et le syndicat CGIL, intimant même à Pier Luigi Bersani, le secrétaire général du PD, de les faire taire s’il voulait avoir une chance de gouverner avec lui. Depuis les affrontements à distance se multiplient entre Monti et Bersani. Le leader du centre gauche demande à Mario Monti de clarifier ses positions sur les futures coalitions. Celui-ci estime désormais la question prématurée et surtout réaffirme quotidiennement que l’affrontement gauche/droite est dépassé. Ce qui est la seule manière pour lui de tenter d’élargir l’espace politique étriqué qu’il occupe dorénavant. En quelque sorte, Mario Monti veut bien entrer en politique mais sans descendre de son piédestal et en se garantissant la conduite du futur gouvernement.
Mais l’engagement électoral de Monti peut plutôt avoir l’effet contraire et raviver l’opposition gauche/droite. Pour Pier Luigi Bersani qui a soutenu la politique de Monti et dont le programme demeure très proche, la tâche est aussi délicate. Les primaires qui ont désigné les candidats parlementaires du centre gauche ont été un grand succès de participation et ont plutôt incliné le parti vers la gauche. Mais la direction du Parti démocrate aura-t-elle la lucidité, la volonté et le courage de contester une politique d’austérité qui est remise en question jusqu’au sein même du FMI ? Rien n’est moins sûr. Pendant ce temps, la Ligue du Nord qui ne voulait plus entendre parler de Berlusconi a finalement accepté de faire liste commune avec le Cavaliere. Et cela pour sauver des majorités régionales et municipales. De ce côté, le vaudeville politique a servi la survie politique provisoire des deux partenaires. Jusqu’au 24 et 25 février, dates du scrutin, la campagne sera courte mais elle réservera peut-être encore des surprises.