« La France, ce vieux pays de droite », disait François Mitterrand qui savait de quoi il parlait. Le dicton qui s’illustre régulièrement dans l’hexagone vient de trouver une double expression exemplaire.
Il y a eu, ce dimanche, la manifestation contre le mariage pour tous, plus clairement exprimé, contre le mariage gay. Une mobilisation massive : que l’on prenne les chiffres des organisateurs ou de la police, de 300 à 800.000 manifestants, cela dit quelque chose sur l’état d’un pays. Et même si l’on tient compte de l’efficace alliance provisoire du bistrot et du goupillon sans oublier les divers avatars de la droite et de l’extrême droite politique, la manifestation de dimanche témoigne de la persistance de cette France étrangère aux Lumières, réticente aux droits surgis de 1789, de cette France fragile qui manifeste sa peur et ses angoisses existentielles face à la différence. C’est alors que se mesure le mal être d’un peuple. J’entendais ce manifestant s’exclamer pour justifier sa tolérance : « J’ai des amis homosexuels », comme le plus commun des antisémites affirme qu’ « il a des amis juifs » !
Et puis, non pas pour chasser le sujet par un autre, il y eu l’intervention française au Mali. Il ne s’agit pas ici de juger du bien fondé ou non de la décision. Notons simplement à ce sujet que si l’on ne souhaite à personne de vivre sous la férule des milices islamistes qui imposent leurs lois dictatoriales aux populations du Nord du Mali, il n’est pas certain que la solution militaire soit capable de résoudre la question. Et que par ailleurs, l’intervention d’un ancien colonisateur dans une région où il possède toujours des intérêts majeurs demeure toujours suspecte.
Non, ce qui frappe dans la presse française, toutes tendances confondues, ce sont les commentaires sur l’homme qui a mâlement – c’est son rôle suprême – décidé de faire parler les armes. « La guerre n’ a jamais été une mauvaise nouvelle pour un président », écrivait Libération dans un article emblématique de l’état d’esprit de la presse française. Et chacun d’évaluer les conséquences de la décision de François Hollande sur sa cote de popularité : une véritable aubaine est le jugement commun des médias.
En fait, la vérité cocardière est toujours la même : pas de vrai président sans une guerre. Plus que le suffrage universel, la conduite des armées est la véritable onction. On reprochait à François Hollande ne pas se mouler dans les habits présidentiels on se – et on le – félicite de le voir enfiler le treillis. De Clovis à de Gaulle, en passant par Napoléon ou même Pétain, l’important est là : un vrai chef doit s’exprimer sur le champ de bataille. C’est bien alors que le machisme hexagonal voit, comme il dit, « s’il en a ou pas… ». Voilà donc qui nous ramène à la question de départ, celle qui fonde le coq gaulois… chantre de ce vieux pays de droite.