Dans quelques jours on célébrera le 50 eme anniversaire des Accords d’Evian ( 19 mars 1962) signé entre la France et le le FLN ( ou le GPRA – Gouvernements Provisoire de la République Algérienne, selon les protagonistes). Des accords qui allaient mettre fin à huit années d’une terrible et sanglante guerre coloniale et aboutir à l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962.
Un épisode de cette guerre est peu connu, c’est celui de l’engagement de militants belges anti-colonialistes auprès du FLN algérien. C’est pour s’en souvenir et en débattre, notamment avec des témoins et des historiens que
les Amitiés Belgo-Algériennes- LABA asbl organisent une soirée le 28 février prochain à partir de 18.30 , au Foyer Européen, 17, rue Traversière, 1210 Bruxelles ( voir le programme détaillé en pièce jointe).
La soirée comportera également la projection du film que j’ai réalisé en 1992,
« Le Front du Nord- Des Belges dans la guerre d’Algérie » . Voici comment, à l’époque, je présentais ce film :
Algérie française, Amnésie française : la guerre d’Algérie s’est prolongée de 1954 à 1962. Une guerre coloniale dont bien des aspects restent encore enfouis dans une mémoire réticente.
Avec les guerres civiles, les guerres coloniales sont les plus cruelles. Celle-ci fit plusieurs centaines de milliers de victimes.
Terrorisme et contre-terrorisme se répondaient comme les trahisons et les règlements de comptes au sein de chaque camp.
Mais surtout, au pays des « Droits de l’Homme », la torture était devenue une pratique courante. Non pas une « bavure » mais une politique.
Ce ne fut pas la seule raison, loin de là, mais elle accentua la révolte de jeunes français contre ce qui était censé être leur propre camp. Certains ont traduit cette révolte en solidarité active avec « l’ennemi ». On les appelait les « porteurs de valise. » Ils aidaient concrètement le FLN à passer les frontières, à se cacher, à transporter des fonds et parfois des armes. Ils organisaient la défense des algériens prisonniers et torturés. Ils permettaient la fuite à l’étranger des déserteurs et des insoumis.
Cela est plus ou moins connu. Ce que l’on sait moins, c’est qu’un mouvement de solidarité semblable existait en Belgique.
Ce que l’on ignore presque toujours, c’est que des belges avaient aussi décidé de s’engager aux côtés des algériens qui se battaient pour leur indépendance. Officiellement d’abord par un combat politique et public pour tenter d’influer sur l’opinion et le gouvernement belge. Sur le plan judiciaire, humanitaire, médical pour assister les détenus algériens en France et en Belgique et pour empêcher les expulsions et les extraditions vers la France de ceux qui étaient arrêtés en Belgique.
Mais il y avait aussi une aide clandestine, celle de réseaux équivalents aux « porteurs de valise ». Ils jouèrent un rôle important dans le déroulement du combat du FLN. Notamment lorsque les réseaux français furent démantelés par la police à partir de 1960.
Jeunes bourgeois ou marginaux, intellectuels et syndicalistes, chrétiens et laïcs, isolés ou organisés: ils furent plusieurs centaines en Belgique à apporter leur aide au FLN. Une aide ponctuelle ou systématique avec plus ou moins de conscience des risques qu’ils prenaient, ces hommes et ces femmes furent, à leur manière, les combattants de l’ombre de la lutte anticolonialiste.
A travers le récit de quelques épisodes publics ou clandestins, ce film raconte l’histoire et les raisons d’agir de quelques-uns d’entre eux.
La projection sera suivie d’un débat avec la participation d’historiens et de témoins de l’époque. Vous y êtes évidemment les bienvenus.