« Berlusconi, l’ha fatta, ancora una volta ! » Comme on dit en Italie, « Berlusconi l’a fait, encore une fois ! ». Une fois encore, en effet, Silvio Berlusconi a réussi à transformer un scrutin – régional pour le coup, en un referendum sur sa personne. Et cela a marché, malgré les affaires, les scandales, les mauvais sondages et une forte abstention. Le premier ministre avait abordé ces élections affaibli, il en sort renforcé puisque sa coalition remporte 6 régions dont quatre prises à la gauche. Il faut cependant nuancer cette victoire inattendue. D’abord parce le Parti de la Liberté perd des voix par rapport aux scrutins précédents et surtout parce que l’axe de sa majorité s’est déplacé.
…mais le vrai vainqueur, c’est Umberto Bossi
Car le grand vainqueur est bien La Ligue du Nord, le parti populiste et xénophobe de Umberto Bossi. La ligue triomphe dans ses fiefs de Vénétie et de Lombardie mais elle emporte aussi le Piémont. La Padanie, ce territoire virtuel et inventé de toutes pièces prend des allures de réalité. Bossi peut s’exclamer sans être démenti que désormais dans le Nord « les ouvriers ne votent plus à gauche ». De plus, la Ligue étend son territoire faisant des scores appréciables jusqu’en Emilie Romagne et en Toscane, ces anciennes places fortes de la culture communiste. Face à un Berlusconi toujours leader mais déclinant, Bossi devient l’homme fort de la coalition à qui il ne manquera pas d’en faire payer le prix.
La gauche, elle, minimise sa défaite. Il est vrai qu’elle conserve le contrôle de 7 régions sur les 13 qui étaient en jeu et qu’en voix elle talonne le Parti de la Liberté. Mais le centre-gauche, le Parti Démocrate n’est apparu ni comme une formation capable de recueillir la forte opposition à Berlusconi, ni comme alternative crédible à celui-ci. Et elle a perdu des bataillons d’électeurs au profit du mouvement antipolitique de Beppe Grillo, un comique bouffon incarnant en quelque sorte le miroir inversé du berlusconisme qui réussit jusqu’à forger des opposants à son image. L’hégémonie culturelle et politique reste plus que jamais marquée à droite. Et si Berlusconi doit désormais la partager avec Bossi, ce n’est pas plus rassurant pour la démocratie italienne.