On se souvient que la Belgique a été inscrite en 2008 sur la liste des paradis fiscaux par l’OCDE. On se rappelle que les politiques fiscales de ces dernières années ont été extrêmement profitables aux plus fortunés et ont accentué les inégalités. On estime qu’en 2007 les actifs financiers des Belges possédants représentaient 300 % du PIB et on calcule que dans notre pays 1,6 % de la population détient 20 % des richesses. Ces quelques informations, parmi bien d’autres, figurent dans la dernière livraison des « Cahiers de l’Education permanente » édité par le PAC sous le titre « Merci l’impôt » qui est aussi celui de la campagne lancée par Présence et Action Culturelle pour réexpliquer l’impôt aux citoyens et promouvoir une politique fiscale plus juste.
A travers la crise du capitalisme et les dégâts sociaux majeurs qu’elle a commencé à provoquer, le temps est peut-être revenu d’une réhabilitation à la fois de l’impôt, de l’Etat et des services publics qu’il finance. Depuis 30 ans le discours dogmatique de l’idéologie libérale vilipende les uns et les autres. Aujourd’hui que le dit-état a sauvé le système bancaire grâce à l’argent des contribuables dont les revenus du travail sont, eux, bel et bien taxés, ce discours ne peut demeurer hégémonique. Cela suppose un combat idéologique et un travail d’information important que le PAC n’est pas seul à mener.
Des groupes spécifiques comme Kairos Europe, un réseau pour une justice fiscale, militent depuis longtemps pour un impôt plus équitable, progressif et progressiste. Le PTB a lancé sa campagne « Taxe des millionnaires » où il montre efficacement comment une taxation encore bien modeste de 88.000 ménages millionnaires rapporterait près de 9 milliards à l’Etat et permettrait de créer des emplois publics, de financer la sécu et de refinancer l’enseignement et la recherche. Les syndicats rappellent leurs vieilles revendications en la matière. Bref un courant se manifeste. Et s’il est un domaine où le politique détient encore un réel pouvoir, c’est bien celui de la fiscalité. Question de volonté et de rapport de force. Marc Sinnaeve, un des auteurs de « Merci l’impôt » rappelle que jusque dans les années 70 on nommait celui –ci « contribution » : un beau mot pour une société plus juste. Que vous souhaiter de mieux pour 2010 !