L’image de la semaine n’est pas celle que vous croyez : non ce n’est pas la course médiatique à la Justine ! Encore que cette image-là en dit long sur l’état des priorités de l’information. Mais donc l’image de la semaine est celle d’un homme en colère. Colère feinte ou réelle ? Allez-savoir ! C’est en tous cas une image recherchée, fabriquée, mise en scène jusque dans les derniers détails malgré le désordre ambiant qui régnait en début de semaine dans les couloirs du Palais de Justice de Paris pour l’ouverture du procès Clearstream, cette sombre affaire de listes trafiquées de comptes bancaires à l’étranger.
Cette image, donc : la crinière flamboyante, entouré de femme et enfants, l’ancien premier ministre et principal inculpé lançait telle une gasconnade son défi guerrier. « Je suis ici par l’acharnement d’un homme, Nicolas Sarkozy et j’en sortirai libre et blanchi par le peuple français » s’écriait Dominique de Villepin. Etrange procès pour une étrange affaire. Il y a certes la question de fond : Dominique de Villepin a-t-il oui ou non trafiqué ces listes pour compromettre Nicolas Sarkozy ? Avec l’ancien président Chirac, son ami, l’ancien premier ministre a-t-il fomenté un complot contre son rival ? La réponse n’est évidemment pas sans importance. S’il y a des indices, il n’y a en tous cas pas de preuve et il peu probable que de ce procès sorte autre chose qu’une vérité judiciaire. Et là, les choses se corsent, si l’on peut dire, puisque ce procès est unique dans les annales de la justice française.
Nicolas Sarkozy veut sa revanche et est donc partie prenante au procès. Jamais jusqu’ici un Président de la République en exercice ne s’était porté partie civile. Et pour cause puisque le Président préside le Conseil supérieur de la Magistrature, nomme des magistrats et jouit d’une immunité juridique durant son mandat. « Rupture du principe de procès équitable », ont dit les avocats de Dominique de Villepin qui joue son avenir politique dans l’affaire. En tous cas, curieuse confusion des genres qui indique encore une fois que Nicolas Sarkozy accorde plus d’importance aux revendications de l’homme prédisent qu’aux exigences de sa fonction. Un Nicolas Sarkozy qui hier encore au cours d’un entretien télévisé traitait déjà les inculpés de « coupables ». Il y aura encore de fortes images dans ce procès qui charrie haine, mensonge et trahison et à tout pour se transformer en une série télévisée.