« Welcome » est un film à « hauteur » d’homme. Philippe Lioret, le réalisateur et Vincent Lindon son comédien principal ont tous les deux utilisé l’expression lors de la présentation de leur film à Bruxelles. « Welcome » raconte une histoire simple ; celle d’un homme, un français moyen, maitre nageur de son état qui dans un premier temps pour reconquérir sa femme va aider un jeune réfugié kurde à tenter de passer en Angleterre à la nage. Mais le personnage incarné par Lindon va peu à peu prendre conscience de la réalité vécue par des centaines de candidats réfugiés qui vivent à Calais dans le dénuement total et dans la crainte d’une répression policière omniprésente.
Prise de conscience humaine et politique, découverte de la solidarité et révolte contre des lois qui punissent durement ceux qui viennent en aide aux illégaux, rappelant là les pires temps de l’histoire. Le film est beau et fort. Même les spectateurs les plus indifférents au sort des sans papiers ne pourront s’empêcher de s’identifier à Simon, le mâitre nageur et à Bilal, le jeune candidat réfugié. Ce n’est évidemment pas qu’une histoire individuelle, en quelques plans, « Welcome » nous plonge dans ce qu’est la mondialisation et son cortège de déshumanisations. « Welcome » connaît déjà un succès extraordinaire en France. Il faut voir et faire voir ce film. Il vient au moment où chez nous la société semble enfin se mobiliser à grandes échelle en faveur des sans papiers.
Les manifestations se multiplient dans tous les milieux et, c’est fondamental, dans les deux communautés, pour obliger le pouvoir à respecter ses propres engagements, à enfin concrétiser l’accord gouvernemental qui doit fixer des critères clairs et équitables de régularisation, à sortir du désespoir et du non-droit des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont souvent établis et intégrés depuis des années dans notre pays. Etudiants, avocats, universitaires, militants syndicaux et associatifs, responsables des grands courants religieux et philosophiques refusent cet insupportable immobilisme. Il appartient maintenant aux politiques de prendre leurs responsabilités, d’abandonner leur posture cynique pour les uns et frileuse pour les autres et de mettre fin à un des plus grands scandales humanitaires de ces dernières années.