Elections italiennes (4) : La victoire du « berlusco-grillonisme »

Mercatale, 25 février 2013

Le spectre s’est transformé en réalité. Beppe Grillo et Silvio Berlusconi sont les grands vainqueurs de ces élections. A l’heure où sont écrites ces lignes, les résultats sont loin d’être définitifs, mais la vérité du scrutin est bien celle-là. Elle n’était pas vraiment inattendue mais sans doute pas dans cette mesure. Berlusconi n’est jamais meilleur qu’en campagne. Il peut transformer ses mensonges en nouvelles promesses et ses échecs en annonces de victoires. En perdition au début de la campagne, il a rétabli sa situation personnelle et celle de son parti au-delà de ses propres espérances. Berlusconi demeure un interlocuteur incontournable.

Grillo, c’est une autre affaire ! 25 % des voix (à nuancer selon les chambres), premier parti dans plusieurs régions majeures : c’est un tremblement de terre politique totalement inédit en Europe. Les victoires de partis populistes ont émaillé les scrutins européens des dernières années. Mais jamais sans doute, autant d’élus (plus de 100 députés et plus de 60 sénateurs) ne sont arrivés aussi massivement au parlement, et dans une composition politique et idéologique aussi insaisissable. Car entre le discours de Grillo et les convictions des élus de ses listes, il y a sans doute une myriade de nuances et d’ambiguïtés. L’incertitude politique n’en est que plus que grande.
Monti a perdu son pari politique. Il peut encore peser mais dans un rapport de force défavorable. Et pour ses alliés démocrates-chrétiens (Casini) et Futuro e Liberta (Fini), c’est la Bérézina. La droite qui se donne des allures de centre ne trouve pas son chemin. On ne peut négliger le fait que les forces qui, avec plus ou moins de démagogie et généralement sans offrir d’alternatives, ont brandi un discours anti-européen ont recueilli un appui populaire incontestable. Si les gauches de gouvernement ne tiennent compte de cette réalité, elles se réservèrent d’autres réveils douloureux.

Le Parti Démocratique sera majoritaire à la Chambre (et donc appelé en priorité à former un gouvernement) mais pas au Sénat où Berlusconi restera maître du jeu. A priori donc, un parlement ingouvernable. On ne voit aucune majorité possible. Et l’éventualité de nouvelles élections n’est pas à exclure. Incontestablement le Mouvement 5 Stelle prive le centre gauche de sa victoire. C’est bien dans l’électorat du PD mais probablement aussi dans celui du SEL ( gauche radicale) qu’il a largement puisé même s’il a aussi conquis des voix dans la totalité de l’arc politique ( de l’extrême gauche à l’extrême droite). Beau sujet d’étude en politologie…
Même à Mercatale, Grillo a été dévastateur. En cette vielle terre communiste, le Movimento 5 Stelle a rassemblé 17 % des suffrages contre 46 % au PD. Situation inédite, ici comme ailleurs, encore plus qu’ailleurs.

Cet après-midi, il y eut pourtant 75’ de bonheur à la Casa del Popolo de Mercatale A l’ouverture des émissions de télévisions, à 15.00 heures, les sondages sortis des urnes, donnaient une nette victoire du centre gauche. Une heure et 15 minutes plus tard, les premières réelles projections inversaient la tendance et étaient confirmées au fil des heures. Ce soir à la Casa del Popolo le désert était désespérant…

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