C’est une vieille tradition bourgeoise (et médiatique) : on ne dit (pas trop) de mal des disparus. Il y a évidemment des exceptions. Quelques journaux américains ont titré « bon débarras » à l ‘annonce de la mort d’Hugo Chavez et, d’une manière générale, les réactions des dirigeants américains qui savent reconnaître leurs ennemis ont été d’une froideur polie à une malveillance grossière. La presse européenne qui dans son immense majorité a de tout temps exercé un regard particulièrement critique quand elle ne tombait pas dans la caricature et l’anathème à l’égard du « Commandante », a retrouvé aujourd’hui quelques accents bienveillants et même quelques mérites à son égard.
En France, notamment, Le Monde comme Libération qui comptent des correspondants qui n’ont pas lésiné dans l’anti-chavisme primaire, on reconnait aujourd’hui les bienfaits de la politique social de Chavez et on note – dans Le Monde – que « en une grosse décennie, la réduction de la pauvreté – la grande ambition du chavisme – aura été spectaculaire : selon les chiffres de l’ONU, la moitié de la population vénézuélienne vivait dans le plus grand dénuement à la fin du XXe siècle ; aujourd’hui on ne compte plus que 25 % de pauvres dans ce pays qui est devenu, martelait sans cesse Hugo Chavez, le moins inégalitaire d’Amérique latine ». Chavez avait raison de le marteler : quel autre dirigeant de la planète peut-il se prévaloir d’un tel bilan ? Bien entendu, cette reconnaissance post mortem s’accompagne de réserves et de critiques souvent polémiques et les bonnes âmes médiatiques s’empressent d’inviter à tourner la page Chavez. Mais ce qui lui était refusé de son vivant lui est accordé dans la mort, même du bout des lèvres : le chantre du « socialisme bolivarien » a rendu son pays plus égalitaire sans compromettre la démocratie. Ce bilan-là, au-delà de toutes les controverses, est à la fois une réalité et une espérance.
Reportage de VIVE chez les paysans qui bénéficient de la redistribution des terres non cultivées
En ce qui me concerne, j’avais eu la chance de séjourner au Venezuela en 2007 et d’en rapporter deux reportages. L’un publié dans La Libre Belgique que l’on peut lire en annexe et l’autre consacré plus spécifiquement à l’expérience étonnante de la télévision communautaire VIVE et paru dans Politique. De ces deux textes, je ne retirerais pas une ligne. Pour être complet on peut aussi lire l’entretien que j’ai donné à La Libre, ce 7 mars :
[[Le lien comporte deux interviews croisées et inséparables : vous recevez donc aussi, pour le même prix, l’opinion opposée de Corentin de Salle….]]