Extrait de la déclaration d’un soldat israélien ayant participé à la guerre de Gaza. Le soldat Aviv parle: « Un de nos officiers a vu une personne s’avancer sur la route, une femme, une vieille femme. Elle était à une certaine distance mais quand même assez proche pour être vue. Si elle était suspecte ou non, je ne sais pas, dit le soldat. Au bout du compte, il a envoyé des hommes sur le toit pour qu’ils la tuent ».
Question de l’officier responsable du débriefing : « Pourquoi l’a-t-il tuée ? »
Le soldat Aviv répond : « C’est ce qui est apparemment si plaisant à Gaza : vous voyez quelqu’un suivre son chemin sur une route. Il n’a pas besoin d’avoir une arme; vous n’avez pas de soin de l’identifier, vous pouvez tout simplement lui tirer dessus ».
Vous avez bien entendu et l’homme qui parle n’est pas un terroriste d’une organisation hors la loi internationale, comme le Hamas mais un soldat de « l’armée la plus morale du monde » comme la qualifie le ministre israélien de la défense. Ce n’est pas un témoignage unique. Un autre soldat raconte comment ils ont abattu une femme et ses deux enfants qui ne prenaient pas la bonne route en quittant la maison dont ils étaient chassés. Une enquête officielle est en cours, dit-on. Mais il y a aussi le rapport de l’organisation israélienne « Médecins pour les Droits de l’Homme » qui confirme que Tsahal a non seulement bombardé des installations médicales mais a à plusieurs reprises visé les ambulances et les urgentistes locaux pour les empêcher d’accéder aux civils blessés et de les évacuer.
Danny Zamir, le directeur de l’Académie militaire Yitzhak Rabin qui a organisé le debriefing de soldats ayant participé à la guerre de Gaza a expliqué le sens de la publication de ces déclarations : il s’agit, dit-il, d’une guerre qui fera date car elle a posé de nouvelles limites pour le code moral de l’armée et celui de l’Etat d’Israël. En fait, à la lecture de ces témoignages on est enclin à penser que les limites n’existent plus et qu’entre terrorisme d’état et crime de guerre, vous choisirez vous-même le mot qui convient. En attendant, en Israël, les travaillistes ont accepté d’être la roue de secours d’un gouvernement partagé entre la droite radicale et l’extrême droite.