Voici le texte collectif que j’ai co-signé avec ceux qui avaient été les initiateurs de l’appel à voter PTB-GO : une réflexion post électorale à débattre… Ce texte a été publié dans l’édition électronique du Soir du 04/10/14. Il n’engage pas la Revue Politique
« On n’a pas manqué le rendez-vous » : lors des élections du 25 mai 2014, le PTB-GO a largement rempli ses objectifs. Pour la première fois depuis trente ans, des élu-e-s de la gauche de la gauche siègent dans les assemblées parlementaires. Une voix différente se fait déjà entendre et elle sera indispensable dans le contexte politico-social que nous allons vivre. La Gauche d’ouverture (GO) a joué son rôle. Il est toujours difficile d’en mesurer l’apport mais il a été incontestable dans la dynamique électorale. Il a joué doublement : en rassemblant des forces politiques (PTB/LCR/PC) jusque-là dispersées et concurrentes et parfois même adversaires et, avec l’appel et la mobilisation de militant-e-s et de responsables syndicaux et associatifs ainsi que de personnalités indépendantes appartenant au monde intellectuel, universitaire et culturel, en créant une dynamique d’élargissement de l’électorat du PTB. Mais nous sommes aussi conscients qu’il s’agissait d’un premier pas dont les limites évidentes doivent être dépassées. Non seulement des méfiances et des réticences ont été surmontées mais ce premier rassemblement a permis, notamment à celles et ceux qui désespéraient de la politique, d’entrevoir qu’ « une autre gauche est possible ».
La bataille qui va devoir s’engager contre la politique d’austérité des différents gouvernements (et à des degrés divers) exige un rassemblement d’une bien autre ampleur. Si on ne connaît pas encore le programme du gouvernement fédéral, on sait déjà qu’il constituera une agression sans précédent à l’encontre des droits sociaux. Les atteintes aux services publics et à la sécurité sociale, l’aggravation de la chasse aux chômeurs et du blocage des salaires, sans oublier une fiscalité encore plus inégalitaire : voilà les promesses de la Suédoise. Sans oublier au plan international une soumission sans restriction aux traités européens et au futur Traité transatlantique. Enfin un engagement dans des aventures militaires dictées par l’OTAN et les Etats-Unis dont les conséquences géopolitiques sont incalculables et qui, plus est, aggraveront encore les politiques d’austérité. Voilà ce que nous annonce cette coalition la plus réactionnaire depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.
Il faut donc que se crée un mouvement le plus large possible pour lutter contre ces politiques et mettre sur un pied une véritable Reconquête sociale. Hors du contexte électoral, l’entreprise sera sans doute plus aisée même si nous connaissons les difficultés à surmonter. Celles et ceux qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas adhérer à un appel électoral (notamment en raison de leur statut et de la menace que faisait peser sur les uns et les autres une prise de position trop marquée) pourront plus facilement participer à la création d’un tel rassemblement. Monde du travail, allocataires sociaux, secteurs de la santé, de l’enseignement, de la formation ou de la culture (et combien d’autres…) : tous seront touchés par une austérité dont on ne peut pas encore mesurer toute la brutalité. Ce sont bien les représentant- e-s de tous ces secteurs qui doivent se retrouver dans ce rassemblement. Syndicalistes tant de la CSC que de la FGTB qui seront déjà en première ligne, représentant-e-s du monde associatif dans toute sa force et sa diversité, comme du monde culturel, intellectuel ou universitaire, personnalités indépendantes et bien entendu militant-e-s politiques qui, au-delà de leur appartenance partisane, se reconnaissent d’abord dans un combat anticapitaliste et écologiste dont la priorité immédiate et absolue est la lutte à la fois contre l’austérité et pour l’égalité.
En même temps, la reconquête sociale nécessite plus que jamais une approche politique d’ensemble. Dans une volonté réaffirmée d’élargissement, il s’agit aussi de poursuivre la réflexion sur les alternatives politiques possibles. En tous cas, la construction d’un tel Rassemblement pour la Reconquête sociale doit se réaliser à la fois dans la clarté, l’autonomie et le respect de tous les partenaires potentiels. C’est à l’ensemble de ceux-ci qu’il appartiendra de définir les contours et le contenu d’un tel Rassemblement et d’en fixer les objectifs concrets.
Signataires :
Sfia Bouarfa ( ex- députée bruxelloise), Patrick Bebi ( Acteur-Metteur en scène), Vladimir Caller (PC), Jean-Marie Chauvier ( auteur), Josy Dubié ( Sénateur Honoraire) ,Fabrice Epis (secrétaire principal CNE région Bruxelles-Brabant wallon retraité), Hugues Le Paige (journaliste-réalisateur), Anne Morelli ( historienne, professeure de l’U.L.B , Irène Petre( Permanente Nationale CNE -secteur commerce – retraitée),Isabelle Stengers ( philosophe, Université Libre de Bruxelles), Daniel Tanuro ( Ingénieur agronome, membre de la direction de la LCR)