Médias et concurrents ont beaucoup parlé de « rêve » à propos de la candidature de Benoït Hamon, et c’était, naturellement, pour la disqualifier. Et maintenant que le « futur désirable » l’a emporté sans coup férir sur le social-réalisme, si l’on se reprenait à rêver ? Si l’on additionne les électorats potentiels des trois candidats Hamont, Jadot et Mélenchon, la gauche pourrait être présente au 2ème tour de l’élection présidentielle. Certes, il ne s’agit que de chiffres théoriques basés sur des sondages dont on connaît la fiabilité douteuse. Mais il n’empêche, après un an de campagne de la France Insoumise, à la conclusion des primaires de « La Belle Alliance Populaire » et avant que le postulant vert n’officialise sa candidature, ce rapport de force est de l’ordre du possible.
Hélas, la transformation de ce rapport de force en acte politique appartient, en effet, au registre du rêve mais cultivé par un nombre inestimable et sans doute important d’électrices et d’électeurs de gauche qui souvent ne se reconnaissent vraiment dans aucun des actuels prétendants de la gauche. Mais qui, par contre, se mobiliseraient avec enthousiasme sur une candidature unique. Des conversations auront sans doute lieu entre les trois candidats, personne ne pourra les refuser et le PCF, soucieux des problèmes d’investiture pour les législatives, y est nettement favorable. Dès hier soir, Benoît Hamon a réitéré sa proposition de « construire ensemble une majorité gouvernementale cohérente et durable pour le progrès social, écologique et démocratique ». Majorité gouvernementale est une chose, candidature présidentielle, en est une autre. Il existe certes plus de convergences que de divergences entre les trois candidats même si des différences notables existent entre eux, notamment sur l’Europe et en politique étrangère. Mais il faudra faire avec les stratégies politiques, les arrière-pensées et les batailles d’ego jamais absentes.
Pour des raisons diverses et compréhensibles, aucun des candidats actuels n’acceptera les termes « ralliement » ou « désistement ». A moins – imaginons un instant – qu’un accord ne soit possible sur un 4ème homme…ou une femme qui, au départ d’une nouvelle candidature à haute valeur symbolique, pourrait s’imposer à tous. Espoir ténu et plus proche de la politique fiction que du réel mais cette pré-campagne présidentielle a déjà réservé tant de surprises et de coups de théâtre, qu’après tout, on se dit que rien n’est vraiment impossible.