Ce samedi dans «Le Soir » qui en faisait son titre principal (et pour cause), Paul Magnette déclarait à propos du blocage du CETA : « Il ne s’agit pas d’une victoire. C’est un malheureux échec. J’aurais parlé de victoire si nous avions abouti à un accord équilibré(…) Par contre la démocratie est gagnante, ajoutait le ministre-président ». On ne va pas mégoter ! Paul Magnette a été irréprochable durant cette dernière phase de la négociation du traité de libre-échange et a vaillamment résisté aux pressions de tous bords, s’appuyant, il faut le souligner, sur une coalition inédite et totalement imprévisible, il y a quelques semaines encore. Du CDH au PTB, en passant par le PS et Ecolo, cet équipage parlementaire a illustré un moment de grâce de la vie publique.
La politique en a retrouvé ses droits et ses lettres de noblesse, elle a été en « syntonie » avec un mouvement social qui lui-même avait dépassé et de loin les cadres habituels de la contestation anti-libérale [[ voir mon Blog-Notes « Une victoire et des menaces » du 15/10/2016 ]] et, en Wallonie et à Bruxelles, un rapport de force politique s’est modifié. Cela n’enlève rien aux ambiguïtés ou aux arrières pensés des uns ou des autres, cela ne préjuge évidemment pas du caractère éphémère et fragile de ce nouveau rapport de forces. Mais, oui, « quelque chose » a bougé provoquant la stupéfaction des « maîtres du monde » comme les appelait Bourdieu. « Ils ont osé !», s’exclament-ils fortement indignés et quelque peu interloqués, de la Commission Européenne aux éditorialistes de la presse « de référence ». On les imagine blâmant les sans-culottes de 1789 !
Quelle que soit la suite du scénario, il y a une valeur exemplative – et pédagogique – dans ce qui vient de se produire. Le volontarisme politique laisse des traces. Nous avons tous appris quelque chose sur le « possible » et cela, quoique vous en pensiez, Cher Paul M., c’est une grande victoire…. Vous y avez contribué mais elle vous dépasse largement.