Les défis du PTB

Il y a bien sur des raisons objectives à la percée du PTB lors du scrutin communal de dimanche dernier. La crise, d’abord. Ce n’est évidemment pas par hasard que le parti de la gauche radicale enregistre ses meilleurs résultats en région liégeoise dans les lieux les plus frappés par les fermetures dans le secteur sidérurgique. Le PTB, très présent dans le soutien aux luttes des travailleurs et aux organisations syndicales (ce qui n’était pas la cas dans le passé où les directions des syndicats étaient régulièrement dénoncées), a recueilli le vote des milieux populaires les plus touchés par la crise.


Présence militante et expertise

La fracture entre le mouvement social et un PS endossant de fait une politique de centre droit est aujourd’hui de plus en plus perceptible. En témoignent les prises de positions non seulement de militants mais aussi de responsables syndicaux qui ont ouvert une brèche où le PTB s’est naturellement glissé avec succès. Le discours socialiste du « bouclier – sans nous ce serait pire » – et son ancrage populaire ont longtemps empêché l’émergence d’une alternative politique à gauche du PS. Cela ne fonctionne plus aussi facilement. Pour la première fois, depuis la disparition du Parti Communiste, les conditions de cette émergence sont peut être possibles. Malgré son évolution – encore inachevée- d’un parti marxiste léniniste vers une gauche radicale, finalement pas si éloignée dans son programme de la sociale démocratie d’antan, malgré le rajeunissement de ses cadres moins marqués par les empreintes idéologiques de son passé et le développement d’une communication modernisée, le PTB n’avait pas su, jusqu’ici, transformer l’essai en terme électoral.


Aller au terme d’une évolution…

Les résultats de dimanche dernier sont, de ce point de vue, prometteurs pour ce parti. Ils sont aussi le résultat d’une véritable force militante sur le terrain et du sérieux de son bureau d’étude qui a été le premier et souvent le seul à pointer le scandale des inégalités et des fraudes fiscales dont la Belgique a le secret. Il ne faut pas s’y tromper : si le vote PTB est partiellement protestataire parfois encouragé par des accents populistes, il y a aussi dans ce choix un vote d’adhésion et de conviction. Reste maintenant, pour le PTB, à confirmer et à gérer ce succès. Cela demande que « cette envie de gauche » dont parlaient ses dirigeants soit plus largement partagée. Cela suppose notamment que l’évolution idéologique engagée aille à son terme. Un vivier existe pour le PTB notamment auprès des électeurs de gauche qui depuis des années votent socialiste ou écolo « par défaut ». La construction d’une force politique à la gauche du PS est un véritable défi mais qui pourrait modifier l’échiquier politique.

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