Le traité budgétaire ou le déni démocratique

Avec l’adoption du Traité budgétaire, l’Union européenne est sans doute en train de vivre la pire mascarade démocratique de son histoire. Et de ce point vue, hélas, la Belgique se comporte, une fois encore, une fois de trop, en bon petit soldat de la Commission. Sur le fond d’abord, l’adoption du traité qui limite le déficit budgétaire à 0,5 % du PIB est une condamnation à l’austérité à perpétuité, une mise à mort des politiques de relance, un enfermement autiste dans l’échec de l’idéologie ultralibérale. La règle d’or budgétaire, c’est l’institutionnalisation de l’austérité au détriment des droits sociaux. Angela Merkel n’avait pas caché son jeu quand elle déclarait que le frein à la dette devait être contraignant et s’appliquer de manière permanente. Les règles, avait ajouté la Chancelière, ne doivent, en aucun cas, pouvoir être changées par une nouvelle majorité parlementaire.


Du traité à la fermeture de la télévision grecque…

Le mode d’adoption du traité est une véritable confiscation de la souveraineté populaire : les unes après les autres nos assemblées représentatives ont commencé à adopter le traité sans véritable débat politique ni consultation de la société civile alors que ces dispositions contraignantes vont désormais dicter notre vie. Cela ressemble à une adoption honteuse, en catimini. Que les libéraux ou les ultralibéraux du MR à la N-VA applaudissent des deux mains est cohérent, que le ventre mou du centrisme social-chrétien suive est dans la logique des choses, mais que les socialistes après avoir dénoncé les positions de la Commission adoptent un traité qui inscrit cette politique dans le bronze ou que les écolos qui ont vilipendé les effets du texte se prononcent en fonction de leur appartenance à la majorité ou à l’opposition est sidérant. Voilà en tous cas qui ne rendra pas ses lettres de noblesse à la politique.


…une logique

Pendant ce temps, le FMI fait son mea culpa sur la politique d’austérité en Grèce. Pendant ce temps, la Grèce elle-même supprime d’un trait de plume sa radiotélévision publique et jette à la rue 3000 salariés sur ordre de la Troïka. Pendant ce temps la Commission, à l’encontre du Parlement européen, refuse de retirer le secteur audiovisuel des négociations commerciales transatlantiques et met à mal le principe de « l’exception culturelle ». En fait nous vivons déjà sous les oukases du Traité budgétaire. La barbarie du « libéralisme réel » peut se passer de l’hypocrisie parlementaire.

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