Paul Magnette est un verbomoteur qui, on le sait, ne manque ni de talent ni d’intelligence. Il en a fait une démonstration supplémentaire ce mercredi 28 octobre sur La Une. L’intellectuel qui a fait le choix de la politique active – cas rarissime sous nos cieux- a aussi acquis depuis longtemps toutes les ficelles de la roublardise politicienne. Il était donc l’invité de « L’interview » qu’il a rapidement transformée en un monologue prenant l’allure d’un véritable meeting électoral télévisé.
Car il y avait bien matière à débat au moins sur deux points essentiels dans « l’actualité Magnette » : jusqu’où vont les différences réelles entre l’austérité fédérale et la rigueur régionale ? Question de degré ou de nature ? Et en quoi la politique de la majorité wallonne se distingue-t-elle d’un social libéralisme que Magnette semble critiquer par ailleurs ? Et puis le récent tournant (stratégique?) du dirigeant socialiste en faveur d’un dialogue entre la « sociale démocratie historique et les gauches dite radicales »[ Voir l’édito « [Le rêve de Magnette », Henri Goldman, dans le dernier numéro de Politique ( n°92, novembre/décembre 2015)]] méritait un vrai questionnement qui n’a pas eu lieu. Magnette se cantonnant, en fin d’émission, dans des rodomontades anti PTB tandis que Raoul Hedebouw, d’habitude mieux inspiré, se laissait enfermer dans la fausse question du soutien à Syriza à laquelle la position de son parti lui permettait pourtant de répondre facilement. On n’en saura donc pas plus sur le sens véritable qu’il faut donner aux dernières déclarations de Paul Magnette sur les nouvelles orientations à donner à la gauche européenne (PS compris…). Habituel double discours du PS dans l’opposition (fédérale) où réelle réflexion stratégique (et autocritique…) ? Magnette avait habilement (bien que parfois fastidieusement) cadenassé le plateau de la « Une ». Et personne n’a pu, n’a su ou n’a voulu l’en empêcher. A vaincre sans péril…..