Journal de campagne (23) : une droite en quête d’identité

A moins de trois semaines du premier tour, la bataille des législatives est bel et bien lancée. La droite rêve de revanche sans trop y croire. Son argument principal : ne pas donner tous les pouvoirs à la gauche qui, au fil des ans, a démocratiquement gagné toutes les consultations locales, nationales et présidentielles. Mais ce plaidoyer pour une cohabitation qui priverait le président élu des moyens de sa politique a fait long feu. Pas vraiment crédible chez ceux qui se veulent les ardents défenseurs des institutions de la Ve République. D’ailleurs, consciente de sa position de faiblesse, l’UMP semble renoncer à nationaliser le débat électoral pour privilégier ses ancrages locaux et tenter de limiter les dégâts. Ce ne sera pas simple d’autant que cette droite est divisée comme en témoigne déjà le duel Fillon-Copé pour sa direction. Indécrottable droite française qui, à chaque alternance, met en cause la légitimité de la gauche à exercer le pouvoir. Cette fois, c’est Alain Minc – le visiteur du soir – qui estime que la gauche ne peut accéder au pouvoir que « par effraction ».


Campagne « sauvage » dans le Lot & Garonne

Mais le malaise de cette droite est profond. Il touche à son identité. Pour éviter l’éclatement, l’UMP s’est abstenu de toute analyse de l’échec de Nicolas Sarkozy. Non seulement elle ne s’est pas interrogée sur les conséquences de la dérive ultra droitière du président sortant mais, faute de perspective, elle s’accroche à cette dernière comme à une bouée de sauvetage. Les candidats de l’UMP font flèche de tout bois dès qu’il s’agit de sécurité ou d’immigration. La main tendue aux électeurs et parfois aux candidats du Front National ne s’embarrasse plus de la moindre nuance. Il est vrai que le cauchemar de la droite s’appelle Marine Le Pen. Si on lui prédit peu d’élus en raison du système électoral, sa capacité de nuisance est énorme. Le Front National devrait être en mesure de maintenir une centaine de candidats au second tour. Et plus largement l’arbitrage des électeurs du FN sera déterminant.

Du haut se son score des présidentielles et de la légitimité renforcée que lui a offerte Nicolas Sarkozy et que consolide encore un peu plus le parti du président battu, Marine Le Pen déclare avec une condescendance réjouie qu’ elle pourrait très exceptionnellement appeler à voter au second tour pour des candidats socialistes ou UMP en fonction de leur « valeur humaine ». Quel que soit le résultat final de ces législatives, la campagne menée par la droite parlementaire offre d’ores et déjà une place majeure au Front National dans la recomposition politique qui ne manquera pas de se poser au lendemain du scrutin.

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