Un déluge : 375 sondages depuis le début de la campagne ! Les Français ont été submergés par les enquêtes, il est vrai que c’est une spécialité de l’hexagone que de vivre la politique (et bien d’autres chose encore) au rythme de la confrontation des pourcentages. Des sondages évidemment souvent contradictoires et qui, même majoritairement convergents dans la dernière ligne droite – en faveur de Français Hollande- suscitent toujours des interrogations. Hier encore, Le Monde s’interrogeait sur leur fiabilité. Des sondages, encore, qui ont été au centre d’une polémique grotesque quant à l’heure de leur diffusion demain soir. La question semblait même devenue, dans certains médias, plus importante que l’élection elle-même. On sait qu’avec les réseaux sociaux, les sites internet de certains journaux et des radios-télévisions belges et suisses qui ont annoncé leur intention de divulguer les premières estimations avant la fermeture des bureaux, c’est la législation en cours qui risque de voler en éclat. La RTBF en fait l’argument de sa campagne publicitaire : « dès 17.00, les tendances des bureaux de vote, avant les médias français ». On peut même penser que l’opportunité de cette « primeur » a poussé le service public à augmenter sa couverture de l’événement. Et pourtant, en dehors de la question d’une révision de la loi en la matière – et qui n’a pas lieu d’être la veille d’un scrutin, quel intérêt de donner une ou deux heures avant les autres les estimations sur l’issue du premier tour ? Surenchère et narcissisme médiatique, comme à chaque événement majeur de l’actualité…
En tous cas, encore une fois dormir pour tout le monde, et on connaitra, enfin, le résultat de la première étape de cet exercice démocratique par excellence que demeure avant tout l’élection présidentielle française. Les enjeux considérables exposés et répétés depuis des semaines ce sont resserrés au cours des derniers jours. François Hollande peut arriver en tête demain soir et encore accentuer la dynamique en sa faveur. Mais, même si ce n’est pas le cas, le rapport de force gauche-droite lui est tellement favorable (43 à 45 %) qu’on le voit mal mis en danger au second tour. La troisième place sera capitale car elle conditionnera la possibilité d’un nouveau paysage politique et de nouveaux rapports de force dans les deux camps. L’issue de la lutte Marine Le Pen- Jean Luc Mélenchon est un autre élément essentiel de ce premier tour. Et de ce côté, les sondages ne nous éclairent pas avec beaucoup de certitude. « La menace Le Pen » comme le titrait vendredi Libération n’est pas qu’un appel à la mobilisation électorale.
Encore une dernière chose à propos des sondages : les bookmakers anglais de Ladbrokes ont suivi la campagne de près. Et leur courbe à eux, s’est croisée durant la semaine écoulée. Jusque-là ils donnaient Sarkozy favori au premier tour – 1,66/1 – face à Hollande -2,10/1. Et bien hier soir, à la clôture des paris Hollande avait pris la tête : 1,83/1 devant Sarkozy à 2/1. Quant au second tour Hollande caracole en tête avec 1,12/1 contre 5,50/1 ( !) pour Sarkozy. Et les bookmakers anglais ne sont pas des gens à prendre le risque de perdre beaucoup d’argent…