Bernard Wesphael : amateurisme et/ou aventure personnelle ?

On peut hésiter : amateurisme ou aventure personnelle ? Ce sont probablement les deux qui président à la préemption de Bernard Wesphael sur « l’offre Mélenchon ». L’annonce par l’ancien chef de file Ecolo au Parlement wallon de la création d’un « Mouvement de la Gauche démocrate et citoyenne » laisse pantois. La création d’un parti ne se décrète pas du haut de ses prétentions solitaires, surtout quand il se veut « de gauche, démocrate et citoyen ». On imagine bien que l’ancien dirigeant écolo frustré du sort que lui ont réservé ses ex- camarades ait voulu surfer sur la vague de la campagne du Front de Gauche en France. On a assez souligné – ici comme ailleurs- le succès de cette campagne et l’espoir qu’elle a suscité et il est normal qu’elle provoque des envies d’imitation.

Mais pas à n’importe quelle condition, et surtout pas dans un exercice ou un homme seul semble faire une OPA sur projet dont il veut être le premier initiateur et le futur guide. Car, si Wesphael, qui après 20 ans de militantisme à Ecolo est sorti seul de son parti- annonce dès à présent 800 adhésions, il ne cite aucun nom et son site internet n’est pas plus précis. Il n’y est jamais question que de « Bernard Wesphael et son équipe ». La création d’une nouvelle force politique suppose une réflexion collective (c’est bien le moins au regard de ses prétentions idéologiques…) préalable, des contacts publics, des débats rassemblant tous ceux qui pourraient avoir vocation à se retrouver dans un tel mouvement. Mais rien de tout cela, le futur secrétaire général du « Mouvement de la Gauche démocrate et citoyenne » assure ainsi sa prééminence personnelle mais il en garantit du même coup l’échec.

C’est à la fois pathétique et scandaleux. La formation d’un large mouvement à la gauche du PS et d’Ecolo mérite un vrai débat. Pour des raisons politiques et historiques, les tentatives de ce genre ont toujours échoué. Mais il est vrai qu’il n’est pas inconvenant de se reposer aujourd’hui la question. Un gouvernement de « centre droit » présidé par un premier ministre socialiste, l’incapacité ou le refus d’Ecolo de faire vivre un courant de gauche en son sein, et surtout les conditions de la crise et les mouvements sociaux qui pourraient en surgir : voila bien autant d’ éléments qui permettent de rouvrir le débat. Mais les conditions dans lesquelles se prépare le « mouvement wesphalien » ne laissent pas présager un avenir radieux…

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