« Compromis » : chance, occasion, difficulté du compromis. « Compromis » est bien LE mot qui fait florès depuis ce dimanche 13 juin. Un mot d’autant plus usité aujourd’hui que son évocation paraissait improbable il y a quelques semaines à peine. Mais la campagne électorale et l’issue du scrutin ont joué comme un accélérateur d’histoire.
La configuration sortie des urnes avec un bloc représentatif et incontestable dans chaque communauté offre, en effet, les conditions de ce que l’on pourrait appeler un véritable « compromis historique » pour un nouveau cadre institutionnel. Conditions évidemment et éminemment fragiles mais qui n’en demeurent pas moins l’élément nouveau de la donne politique. L’autre élément confirmé par les élections est la fonction de « bouclier » assumée par le PS. Double bouclier en vérité, à la fois social et institutionnel. Et c’est bien en cette double qualité que les électeurs francophones lui ont donné la victoire.
On l’avait déjà souligné en 2009 lorsque le PS avait déjoué une défaite annoncée en s’érigeant en rempart contre le risque de bain social : il y a en Wallonie une exception PS.[Lire à ce propos le n°62/décembre 2009 de « Politique » avec Le thème : PS un parti populaire en Wallonie, [dont sa présentation ici]] Contrairement à ses homologues européens, le PS d’Elio Di Rupo n’a pas connu de crise existentielle. Même si des pratiques clientélistes et le lourd chapitre des affaires lui ont fait de l’ombre, il reste un parti à l’ancrage populaire exceptionnel et qui a maintenu ses fondamentaux politiques et sociaux. En quelque sorte, on a un PS inoxydable qui prétend à une sorte de virginité politique après plus de 20 ans de participation au pouvoir et autant de concessions propres aux gouvernements de coalition. Et visiblement les électeurs ne lui tiennent pas rigueur de l’écart ou même parfois du divorce entre la pratique et le discours.
Cette fois si le compromis historique est possible au niveau institutionnel, il faudra ensuite faire face à la crise et aux partisans de l’austérité. Et de ce point de vue, aussi, le chemin de crête n’a jamais été aussi étroit.