Au moment même où la Grèce se débat dans la crise financière que l’on connaît, et la bourse dans les soubresauts que l’on sait, Goldman Sachs, la puissante banque américaine, est accusée d’avoir incité ses propres clients à réaliser des investissements pourris pour mieux spéculer sur leurs pertes. C’est la même banque qui avait jadis aidé la Grèce à maquiller ses comptes. On est là au cœur de la nature du capitalisme financier et de ses perversions. La crise grecque n’est en fait que le dernier épisode en date de la crise de ce système qui n’arrête pas de se creuser depuis 2008.
De la crise immobilière aux Etats-Unis avec les fameuses subprimes à celle des finances publiques des états, il y a une logique implacable. Avec une étape intermédiaire essentielle, la crise du système bancaire sauvé in extremis par des pouvoirs publics désormais considérablement endettés. Le système bancaire et ses profits ont été sauvés au détriment des citoyens qui en payent deux fois le prix, par leurs impôts d’abord, par le chômage ensuite. La crise grecque est triplement révélatrice. De la toute puissance des agences de notations, ces organismes privés qui évaluent désormais aussi la solvabilité des états et provoquent mouvements de panique et spéculation. De l’incapacité et /ou du refus de l’Europe de mettre rapidement fin à cette spéculation, cette même Europe qui a prétendu se construire sur la libre circulation des capitaux et avait fait de la monnaie unique la pierre angulaire de son identité. Et enfin la crise grecque confirme, s’il le fallait, que le prix de ces dérégulations généralisées sera payé infine par les salariés et les retraités.
Certes, la Grèce a un besoin vital de lutter contre la fraude fiscale et de réformer des services publics pléthoriques et largement inefficaces. Mais la pression européenne et celle du FMI risquent encore d’accentuer les inégalités sociales. En trente ans, depuis les années 80, la grande vague de dérèglementation et l’instauration de la suprématie du marché ont abouti à l’enchaînement de crises multiples qui aboutissent aujourd’hui à un désastre social alors que les profits du capitalisme sont préservés et les spéculations protégées.Et les puissances publiques n’auront été jusqu’ici que l’auxiliaire zélé d’un libéralisme à tout crin qui a tout fait pour les affaiblir. Une seule certitude : ce sont bien les peuples qui paieront le prix de l’impossible réforme du capitalisme.