Annemie Turtelboom a un problème avec sa porte arrière. Mardi, dans un entretien à la Libre, la Ministre de la Politique de Migration et d’asile disait ceci : « Quelqu’un qui entre dans ma maison par la porte arrière, qui s’assied dans mon fauteuil et demande les clés de la porte d’entrée, c’est non. » Vous aurez compris que ceux pénètrent dans la maison de Mme Turtelboom en empruntant de surcroît sa porte arrière sont évidemment les sans-papiers.
La métaphore menuisière de la Ministre entre dans la catégorie de l’ignoble. « L’odeur » de Chirac, le « détail » de Le Pen, il y a des mots qui marquent au fer rouge ceux qui les prononcent.
Non seulement Mme Turtelboom, avec la complicité – il faut le dire- du Premier ministre- ne respecte pas l’accord de gouvernement qui prévoyait une circulaire fixant des critères clairs et objectifs pour la régularisation des sans-papiers mais elle cède à une propagande aux relents les plus douteux. On connaît les craintes électorales du VLD face aux succès sondagiers de la droite populiste, cela justifie-t-il pour autant de tels racolages ?
De plus, la ministre agite elle-même les craintes les plus irrationnelles quand, dans le même entretien, elle assimile la fixation de critères clairs à une
« régularisation collective et massive ». Non seulement les sans papiers envahissent la maison de Mme Turtelboom mais ils le font massivement et collectivement. Et ses propos ne sont pas moins démagogiques quand elle utilise les menaces réelles de chômage accru en raison de la crise actuelle pour restreindre les perspectives de régularisation. Alors que l’on sait parfaitement que les sans papiers régularisés occuperaient de toute façon des emplois dont personne ne veut, y compris dans les régions les plus touchées par le chômage. Au moment même où la régulation et la règle sont accueillies en sauveur des marchés en faillite, voilà que le gouvernement renie ses propres engagements en laissant les sans-papiers en proie à l’arbitraire le plus total. Et puis, Madame la Ministre, vous devriez savoir que la porte-arrière est aussi une issue de secours et parfois même celle par laquelle entrent les amis. Mais ça, c’est une question de regard…