C’est comme une valse à trois temps. Premier temps : fin de la semaine dernière, on est au bord du krach boursier et de l’implosion du système financier mondial. Les opérateurs, les banquiers, les experts et autres consultants en tous genres, crient la main sur le cœur : cette fois, on a compris. On ne le fera plus. Il faut réguler. C’est la complainte des nouveaux régulateurs qui ont tout fait pour échapper au minimum de règles. Chez nous cela étonne même le Président de la Commission Bancaire qui rappelle combien il est mal reçu par le secteur quand il demande l’application de règles plus strictes.
Deuxième temps : les autorités boursières de Londres et New York décident d’interdire les ventes à découverts sur les valeurs financières. Il s’agit de ces ventes de titres que l’on ne possède pas et que l’on achète ensuite à la baisse. Technique utilisée notamment par les « Hedge funds », les redoutables fonds spéculatifs. Mais attention, la régulation a ses limites, puisque cette mesure est toute provisoire. Les gendarmes de la bourse, comme on les appelle d’une manière un peu abusive, appliquent la mesure pour 10 jours avec possibilité de prolongation de 3 mois. Voilà la seule règle décidée jusqu’ici face à la machine infernale. On croit rêver. Et à Bruxelles dans un premier temps, les responsables d’Euronext la jugeront même inutile avant de devoir l’accepter. Parallèlement l’administration Bush présente un plan de rachat des créances douteuses des banques américaines. Dont coût 700 milliards de dollars soit 2000 dollars par contribuable américain pour une mesure à court terme aux effets limités.
Troisième temps : vendredi les bourses soulagées réagissent à la hausse avant de replonger dans le doute et les indices. Le plan Bush peine et le doute risque rapidement de se transformer en cauchemar car la question suivante porte bien sur le sort de ces fameux « Hedge funds » qui pour les experts indépendants constituent le trou noir du système financier mondial et on ne voit pas vraiment comment ils échapperont à la crise actuelle. Totalement incontrôlés, basés le plus souvent dans des paradis fiscaux, ce sont eux qui ont le plus contribué à la dérégulation le système bancaire mondial. Et leurs produits financiers ont contaminé un nombre incalculable de portefeuilles grands et petits.
En fin de compte l’évidence de cette crise est bien là : ce ne sont pas les modalités d’application du capitalisme financier qui sont en cause mais bien sa nature profonde qui désormais ne peut plus séparer investissement et spéculation.