Le capitalisme n’a pas de mémoire

Dans un premier temps on est frappé par la cécité, l’obstination voir l’indigence des plus grands responsables de la finance mondiale, qu’il s’agisse des dirigeants d’institutions ou des patrons de groupes privés. Dans un deuxième temps, c’est l’ignorance et l’impuissance de ces mêmes hommes littéralement dévorés par leur propre système qui nous ébahit. En fait le capitalisme n’a pas de mémoire. Il faudrait dire le capitalisme financier mais comme c’est bien celui-là qui domine le monde, on se limitera au terme générique.

Les marchés et les bourses vivent des scénarios plus prévisibles que ceux des pires séries B hollywoodiennes. Les ingrédients sont connus et usés : bulles spéculatives, irresponsabilités collectives, perte du sens de la notion même de risque, répétitions d’erreurs maintes et maintes fois commises. Depuis 1929 ou 1987 pour les plus jeunes, à travers les alarmes récurrentes, tout le monde sait où cela conduit mais rien n’y fait, les guides politiques ou économiques du capitalisme foncent tête baissée vers le gouffre, le regard incapable de dépasser la ligne aveuglante des profits à courts termes. Il y a là comme un réflexe pavlovien qui anéantit la rationalité. Par essence le capitalisme est immédiateté et instantanéité, il prétend annihiler le temps. Par nature le marché est éphémère et volatil mais finalement sa main est aussi impuissante qu’invisible. L’un et l’autre sont le contraire de la mémoire qui permet d’analyser le passé, d’apprécier le présent et de projeter le futur.

Les derniers événements, en particulier ceux qui ont mis en scène la réserve fédérale américaine, l’on rappelé sans vergogne : le capitalisme n’a pas de principes. Et le tout au marché qui domine nos vies individuelles et collectives depuis trois décennies est une idéologie à la fois totalitaire et pragmatique. En dernier recours Wall Street convoque la nationalisation. Mais la rengaine est vieille : socialiser les pertes, privatiser les profits. Moins d’état, moins d’impôts nous crient les libéraux de tous les pays. Mais voila cet état diabolisé et ces ressources fiscales honnies appelés à la rescousse pour éviter l’écroulement du système et tenter de maîtriser les monstres financiers qui ont échappé au contrôle des alchimistes fous du profit à tout crin. Peut-être les citoyens vivront-ils aussi cette crise comme l’indispensable réhabilitation de l’état. Mais à quel prix ?

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