Image et réalité du service public

L’enquête parue il y a quelques jours dans « Le Monde »[[Édition du 21 juin 2008.]] et que j’évoque ici concerne naturellement les services publics français mais elle éclaire, me semble-t-il, un état d’esprit largement partagé au-delà de l’hexagone. Elle est d’autant plus intéressante que le modèle français de service public demeure une référence et que Nicolas Sarkozy a entrepris un chantier de réformes qui risque bien de mettre à mal le dit modèle.

En tous cas, les résultats de cette enquête sont significatifs des temps qui courent et ils illustrent bien les contradictions entre l’image et la réalité des services publics. Premier constat: si à peine une moitié des français interrogés ont une bonne opinion des services publics (49 % exactement), quand on interroge les usagers qui ont eu réellement recours à des services publics, les trois quart d’entre eux se disent satisfaits, et c’est même un triomphe de popularité pour les services de santé publique (85 %) et — notez-le — pour ceux des impôts (86 % de satisfaits). Et à ce propos, deuxième constat contradictoire: plus d’une personne interrogée sur deux (51 %) estime que l’on pourrait diminuer le niveau des impôts quitte à réduire les prestations fournies par les services publics. Et ce choix, note un des auteurs de l’enquête, n’émane pas seulement des classes privilégiées qui paient beaucoup d’impôts mais aussi des classes populaires, plus sensibles à la question du pouvoir d’achat. En ces temps d’insécurité sociale, les nécessités du court terme l’emportent donc sur les besoins structurels même chez ceux pour qui le recours au service public est vital.

Cela en dit long aussi sur la guerre idéologique qui est menée par la droite libérale contre les services publics en particulier et l’action collective, en général. Une guerre idéologique brutale et souvent efficace qui contamine d’ailleurs parfois une gauche repliée sur ses propres doutes.

Ceux qui réclament aujourd’hui la diminution du taux de tva sur les carburants, surtout si elle sans plafonnement, répondent certes à une demande légitime de protection du pouvoir d’achat mais devraient aussi s’interroger sur les effets pervers quant au rôle et à la place de l’impôt (même indirect) dans un pays ou désormais la «rage détaxatoire» tient le haut du pavé.

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