Hollande, la débâcle…

Il n’y a plus de mots pour qualifier la manière dont le président et le gouvernement français mènent leur barque. Les commentateurs, comme les citoyens, sont consternés devant le dernier épisode d’un scénario politique qui échappe totalement à ceux qui prétendent l’écrire. Le sommet de l’incohérence et de l‘improvisation a été atteint durant la semaine écoulée avec le retrait de la loi sur la famille au lendemain d’une nouvelle « Manif pour tous ». Non seulement le gouvernement et le président donnaient l’impression de reculer instantanément devant la pression de la rue (ce qui leur promet encore de beaux jours si l’on veut bien prendre en considération l’addition des mécontentements), mais ils étaient incapables de s’en tenir à leurs propres reculades puisque peu après ce retrait le premier ministre semblait lui-même le remettre en question…Confusion, abandon, consternation : plus personne ne s’y retrouve. L’effet est calamiteux pour un pouvoir qui accumule déjà les records d’impopularité. Les conséquences sont d’autant plus désastreuses que les socialistes français tentent depuis le début du quinquennat de compenser leur démission économique et idéologique par des « avancées » sur les problèmes de société. Et voilà donc un échec de plus à mettre à leur actif.

Par ailleurs, François Hollande veut imposer son « pacte de responsabilité » sans laisser le moindre débat s’installer au PS où les 30 milliards d’exonération de cotisations familiales offerts au patronat font tout de même grincer quelques dents. Ce lundi, le PS y consacre un « séminaire » où seuls ministres et partisans du pacte pourront prendre la parole. Silence dans les rangs. La gauche du parti qui rejette le pacte crie à la mascarade mais il est peu probable qu’elle aille au-delà de la protestation de principe. On s’étonne, par ailleurs, que le tournant politique décisif imprimé par François Hollande avec son pacte et son « socialisme de l’offre » suscite aussi peu de réactions au sein de la famille socialiste. Et pourtant, il s’agit bien là d’un fait politique majeur qui détermine l’avenir du PS. L’économiste Thomas Piketty qui avait préparé la réforme fiscale (plus égalitaire et plus redistributive) défendue par le candidat Hollande mais aussitôt oubliée par le président, évoquait, à son propos, la semaine dernière, le « social cafouilleur à répétition » et regrettait que « le Président n’ait fait que renforcer l’idée (fausse) selon laquelle il n’existerait aucune véritable alternative à l’austérité budgétaire » [[Libération, 28 janvier 2014.]].

Chez nous, l’économiste libéral Paul De Grauwe s’étonnait de la « conversion idéologique » de François Hollande en faveur de la théorie de l’offre qui implique que les « marchés aient une capacité autorégulatrice, et que le chômage disparaisse de façon automatique pourvu que les marchés soient laissés libres ». Paul De Grauwe ajoutait que « cette conversion vers une croyance dans le pouvoir des marché libres n’est pas ce qu’on aurait pu attendre d’un président socialiste»[[Le Soir, 6 février 2014.]]. On ne saurait que conseiller aux séminaristes du PS de prendre connaissance de ce texte du professeur à la London School of Economics…

…Et pendant ce temps, les actionnaires de Libération veulent transformer le quotidien en un immense réseau social et faire de la rédaction un bar à la mode, « le Flore du XXIe siècle »… Quelque chose ne tourne plus rond dans la République…

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