Ce 6 novembre, alors que des dizaines de milliers de manifestants vont s’opposer à la politique d’austérité et d’injustice sociale du gouvernement Michel, L’Obs (ex-Nouvel Observateur) et Le Soir seront retranchés au Bozar à Bruxelles (si les manifestants ne les ont pas pris en « otages ») pour deux journées d’étranges débats, du moins quant à la composition des participants. Cela s’appelle « Les journées de Bruxelles – Good Morning l’Europe – Maintenant ou jamais ». A tout honneur, tous seigneur, ouverture par Jean Claude Juncker sur le thème « On vous présente la nouvelle Europe », dont on sait désormais depuis hier – si on avait des doutes – qu’en matière budgétaire, elle sera égale à la précédente.
Le « casting des panels » est particulièrement révélateur de la conception du pluralisme idéologique des organisateurs. Voyez plutôt : pour le débat « L’Europe face aux défis économiques » : Henri Malosse (France, président du Comité économique et social européen), en fait depuis toujours représentant des intérêts du monde des affaires, Emanuel Macron (France) ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique (ex Banque Rothschild), Pier Carlo Padoan (Italie), ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement Renzi, ancien chef économistes de l’OCDE et Margrethe Vestager (social-libérale danoise), commissaire européen à la concurrence : bref quatre libéraux ou sociaux libéraux pour un débat « contradictoire » qui devrait être torride. Autant, sans doute, que celui qui « opposera » Pascal Lamy, Alain Minc et Guy Verhofstadt sur « l’État de l’Union »… Ou encore celui où « se déchireront » Luis de Guindos, le ministre espagnol de l’Economie (Parti Populaire), Enrico Letta, ex président du conseil italien (PD tendance démocrate chrétienne), Pierre Moscovici et Didier Reynders (libéraux d’obédiences diverses). J’en passe et des meilleures. Il n’y a pas à dire Le Soir et L’Obs ont le sens du débat démocratique et contradictoire. Il est vrai qu’au milieu de cet aréopage libéral, il est prévu une « master class » de Thomas Piketty. Si quelqu’un peut encore le prévenir, il aura peut-être le temps de déserter Bozar pour rejoindre la manifestation syndicale. Quand on disait que l’heure était à la guerre idéologique…