Une majorité de gauche au Sénat, c’est non seulement une première historique depuis la naissance de la Ve République en 1958 mais aussi un véritable séisme politique. Le mot est utilisé aussi bien chez les vainqueurs les plus modestes que chez les perdants les plus lucides. Et ce séisme entraîne des répliques – comme on dit- des répliques dont on ne mesure pas encore toute l’amplitude. Mais, c’est certain, à droite les dégâts sont considérables. La victoire de la gauche a de multiples causes : évolution sociologique des grands électeurs désormais moins conservateurs, mécontentement profond dans les régions des réformes territoriales menées à la hussarde par Nicolas Sarkozy, multiplication des victoires de la gauche aux différents scrutins locaux, divisions internes à la droite, sans oublier le climat délétère provoqué par la succession des affaires en tous genres – Bettencourt, Karachi, valises de billets, espionnage de journalistes – qui touchent aujourd’hui les plus proches collaborateurs ou amis du président.
Ce samedi on élira le président de la Haute Assemblée et, sauf coups fourrés ou coups tordus, le 2eme personnage de l’état sera socialiste. Le premier le sera-t-il aussi en mai 2012 ? Tout est possible. Aujourd’hui la droite panique et se divise, comme le titrait Le Monde. Nicolas Sarkozy fait le gros dos et « fait le président » comme il dit. Il pense certainement qu’il peut encore attendre et qu’il est le meilleur en campagne. Ce qui n’est pas faux. Mais dans son camp des voix encore discrètes se demandent s’il est toujours le meilleur candidat. Si les différentes affaires et surtout celle qui mettent en cause ses proches dans l’affaire des retro commissions sur les ventes d’armes au Pakistan, si ces affaires prenaient encore plus d’ampleur et remontaient encore plus précisément jusqu’à l’Elysée, tous les scénarios seraient envisageables. Et une guerre de succession serait alors sans pitié pour la droite.
La gauche, elle a son destin en main. Elle a gagné tous les scrutins depuis 2007 mais elle n’a plus été capable de remporter la présidentielle depuis 1995. Une gestion saine et compréhensible des primaires, et ensuite un rassemblement sans faille derrière le ou la candidate désignée. La fin déclarée de l’éternelle guerre des chefs et des clans. Une campagne irréprochable sur base d’un programme crédible et qui ne se contente pas d’accommoder les vieilles recettes néolibérales revêtues d’un vernis rose sont les conditions indispensables à la réussite. La victoire au Sénat crée une réelle dynamique. La gauche peut gagner en 2012 si elle évite ses travers habituels…