Toujours annoncée, jamais confirmée, la chute de la maison Berlusconi pourrait devenir réalité. Avec une popularité en chute libre depuis plusieurs mois et après divers scandales, cette fois c’est une sanction électorale qui peut compromettre la survie politique du président du conseil italien. Il ne s’agit, certes, que d’élections municipales et partielles mais le premier tour a déjà été un sérieux revers pour le parti du Cavaliere qui a perdu des villes importantes et le second tour qui a lieu ces dimanche et lundi met en jeu le sort de deux villes hautement symboliques, Naples et Milan où le centre gauche peut triompher.
La bataille de Milan est particulièrement significative. D’abord parce que Milan est le berceau du berlusconisme. C’est là que l’homme a fondé son empire économique, financier et audiovisuel. C’est là qu’il a lancé sa carrière politique. De plus, comme toujours, Berlusconi a voulu transformer une consultation électorale en referendum sur sa personne, prenant même la tête de liste devant Letizia Moratti, l’actuelle maire de la capitale lombarde. Mais, cette fois mal lui en pris. Giuliano Prisapia, le candidat du centre gauche a largement devancé sa rivale. Un candidat qui avait triomphé dans les primaires contre celui qui avait l’aval de la direction du PDS. Autre phénomène révélateur du climat politique mais qui concerne, ici, l’état du centre gauche. Berlusconi, lui, a choisi, la fuite en avant et se déchaine en insultes et provocations contre ses adversaires. « Ceux qui votent à gauche n’ont pas de cervelle » lance-t-il à la télévision où il dénonce le bloc des médias hostiles alors qu’il en contrôle la grande majorité. Il promet l’enfer aux Milanais en cas de victoire du centre gauche. Leur cité deviendrait, vocifère-t-il, une ville islamique, une ville aux mains des Roms et des centres sociaux de la gauche radicale, une ville qu’il faudrait rebaptiser Stalingrad.
Ce genre d’écart est courant chez l’homme qui incarne l’anomalie italienne et qui, ces derniers jours encore, traitait les magistrats de terroristes et de cancer qu’il faut extirper de la société. Sans oublier le dernier épisode qui a vu Berlusconi s’épancher auprès de Barack Obama lors du G8 au sujet de «la dictature des magistrats de gauche». Cette fois le grotesque le dispute au pathétique chez un homme aux abois. Alors que la situation économique et financière de l’Italie ne cesse de se dégrader, une partie de la bourgeoise milanaise qui a soutenu Berlusconi s’en détourne. Prisapia a reçu des soutiens qui dépassent largement son camp politique traditionnel. Lundi, il y aura peut-être un «miracle à Milan» qui pourrait annoncer le début de la fin de Berlusconi.