Cette fin 2016 restera, pour la France – et quelques autres nations-, comme le temps des enterrements politiques. Sarkozy et Juppé d’abord, Hollande enfin. Un chapitre de l’histoire de la Ve République est clos. François Hollande a donc finalement renoncé. Il ne pouvait en être autrement. Son bilan politique, son impopularité sans précédent, son enfermement dans la primaire socialiste qui annonçait d’emblée que le Président n’était pas le candidat naturel de son camp suffisaient déjà amplement à le dissuader de prétendre à une nouvelle candidature et a fortiori à une réélection. D’autant que ses maladresses ultimes sous la forme de confessions incontrôlées auprès de journalistes avaient encore restreint le dernier carré de ses fidèles.
Dans les étranges adieux d’un Président qui doit terminer son mandat dans des conditions totalement inédites, il a exprimé un seul regret, au sujet de la déchéance de nationalité. Mais pour tout le reste, en particulier pour la politique sociale libérale qu’il a menée en contradiction totale avec ses promesses de campagne : rien ! L’homme de la Corrèze – son fief électoral d’adoption- continue d’endosser la politique de l’offre ou la loi sur le travail en dépit de ses échecs et des déchirures qu’il a provoquées au sein d’un PS en perdition. Tout cela n’empêchera par François Hollande, dans ses dernières paroles de non-candidat, de se revendiquer encore et toujours du socialisme. Cette tradition du double langage marque décidément d’une manière immuable la tradition du socialisme français. Le renoncement obligé de Hollande lève une hypothèque mais n’éclaircit pas pour autant la donne de la primaire de la gauche.
Manuel Valls sera candidat, ce qui contraindra vraisemblablement le Président à trouver une victime consentante pour occuper Matignon jusqu’en mai 2017. Mais la rosette des candidats ne cesse de s’enrichir : outre les Montebourg, Hamon, Lienemann, Filoche, et autres Benhamias, Larrouturou et de Rugy déjà en campagne, sans oublier les candidates potentielles que sont Najat Vallaud Belkacem, Marisole Touraine ou Ségolène Royale (toujours prête à se sacrifier pour la République). Et pourquoi pas Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur « exemplaire » ou Christiane Taubira sollicitée avec insistance par ses partisans ? Même si finalement tous et toutes n’en seront pas, cette pléthore de candidat(e)s dont on ne distingue pas vraiment un autre horizon que celui de leur destinée personnelle témoigne du désarroi et de l’impuissance de cette « Belle Alliance populaire », ce label inventé par Jean-Christophe Cambadélis et qui n’a jamais aussi mal porté son nom.
Pris en tenaille sur sa droite par Emmanuel Macron capable de confisquer une part des électeurs socialistes les plus modérés et sur sa gauche par Jean Luc Mélenchon qui capitalise habilement ses soutiens électoraux, le PS risque tout simplement sa survie. L’élimination possible sinon vraisemblable du candidat socialiste au premier tour signifierait tout simplement la disparition du PS de l’horizon politique hexagonal.