Oggi l’Italia !

Durant la guerre du Vietnam, les stratèges américains avaient conçu la « théorie des dominos » : la perte de contrôle d’un pays entrainait la chute des autres. L’Italie est donc la nouvelle pièce qui bascule dans le domino des dirigeants de ce monde. Mateo Renzi avait parié gros, il a perdu. Sans doute d’abord parce qu’il a lui-même personnalisé le scrutin. Et le soutien affiché au « oui » par les Obama, Merkel et autre Juncker n’a sans doute pas été du meilleur effet électoral. Mais les raisons de sa défaite sont aussi diverses que la coalition de ses opposants était hétéroclite.


[[J’emprunte cette illustration (Cartoon CNN) à De Groene Belg 1229 (Onafhankelijk Belgisch e-zine – 5/12/2016 -Mediadoc), la très intéressante Newsletter publiée par Jan Pieter Everaerts]]

Sur le referendum lui-même d’abord : incompréhension face à des propositions trop diversifiées. Certes, il s’agissait d’abord de réduire les pouvoirs du Sénat et d’en changer la composition mais le referendum portait en fait sur 47 articles de la Constitution. La recentralisation proposée d’un certain nombre des compétences accordées aux régions en 2011 a entrainé l’opposition frontale de la Lega et de son dirigeant d’extrême droite et pourfendeur du « système », Matteo Salvini. Dans ce dernier registre, Beppe Grillo a évidemment été le plus déchainé, lui qui demandait aux Italiens de « voter avec leurs tripes et non avec leur tête »… Le leader des 5 stelle qui traverse sans encombre les multiples crises de son mouvement exige, comme Salivini, des élections anticipées immédiates. Impossible, désormais, en l’absence d’une loi électorale commune au sénat et à la chambre. Pour cette dernière, la loi dite « Italicum » prévoit d’accorder une prime majoritaire substantielle (30 % des voix pouvait se traduire par plus de 50 % des députés). La volonté affirmée de Renzi de stabiliser la vie politique italienne a été interprétée comme une tentative de dérive autoritaire et a surtout nourri l’opposition de la gauche du PD (dont le anciens communistes Bersani et d’Alema) et de l’extrême gauche.

Jamais sans doute une opposition ne fut aussi disparate et contradictoire : de l’extrême droite à l’extrême gauche, et des adversaires acharnés de la « caste » à de hauts représentants du « système », dont l’ancien premier Ministre et gouverneur de la Banque d’Italie, Mario Monti….tous se sont retrouvés pour défendre le « non ». Même si c’est la politique sociale libérale de Renzi qui a surtout coalisé la gauche. Au-delà des commentaires sur la période d’instabilité que va vivre l’Italie, les péripéties autour du referendum témoignent de la crise profonde que traverse la gauche italienne. Le PD, très lointain héritier du PCI, n’est pas en meilleur état que le PS français. Et il y a tout lieu de penser que le parti présidé par Matteo Renzi ne survivra pas, dans sa forme actuelle, à l’épreuve. Dimanche soir, face au palais de Montecitorio, voir des militants d’extrême gauche et ceux d’extrême droite scander en chœur le « A Casa » à l’adresse de Renzi laissait un goût amer…

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