Pour la formation du gouvernement italien, il n’y aura pas de fumée banche avant longtemps, si jamais il doit y en avoir une… Deux semaines après les élections, on est toujours pratiquement au même point. Pierluigi Bersani tente désespérément d’obtenir l’appui du Mouvement 5 Stelle de Beppe Grillo pour faire passer quelques mesures essentielles, notamment en matière de lutte contre la corruption et l’assainissement de la politique. Les nouveaux élus de ce mouvement hésitent tandis que leur leader menace de se retirer de la politique s’ils votent la confiance à un gouvernement du Parti démocrate. Le parti de Berlusconi en appelle toujours à une alliance nationale dont il sait être le seul partisan. Et les centristes ont disparu dans le ventre mou de la politique italienne.
La marche des berlusconiens sur le Palais de Justice,
« I Caimani » comme les appelle La Republicca
Bref, alors que le Parlement va faire sa rentrée et devra élire ses présidents, c’est plus que jamais l’incertitude avec la perspective de plus en plus inévitable de nouvelles élections à court terme. Sans oublier qu’entretemps les parlementaires tenteront de désigner un nouveau chef de l’État. En marge de ce véritable casse-tête politique, l’Italie a vécu un événement d’une gravité exceptionnelle sur le plan de ses institutions. Lundi dernier, les parlementaires du Parti des libertés, le parti de Berlusconi, ont marché sur le Palais de Justice de Milan où se déroule un des nombreux procès où leur leader est sur le banc des accusés. Les amis du Cavaliere ont envahi le hall du Palais de Justice pour protester contre ce qu’ils considèrent comme un acharnement judiciaire à l’encontre de leur leader. Du jamais vu depuis la fondation de la République en 1948. Cela fait un quart de siècle, depuis l’opération Mani Pulite, que le conflit est permanent entre les pouvoirs judiciaire et politique. Vingt ans de berlusconisme, avec ses lois sur mesure pour tenter d’échapper à la justice et ses attaques incessantes contre la magistrature taxée de communiste ont encore exacerbé ces rapports.
PS : Pour ceux qui ne l’ont pas vu : projection de mon film « Le Prince et son image » ce mardi 19 mars à 19.30 à la Salle culturelle Espace Marx, rue Rouppe 4 à 1000 Bruxelles (voir détails ci-joints)