Israël est une litanie meurtrière. 10, 20, 30, 40, 50 Palestiniens abattus à la frontière par les snipers de Tsahal : voilà comment Israël a choisi de « célébrer » le 70eme anniversaire de la création de l’État juif et le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. Outre son horreur humaine et physique, ce « bain de sang », comme le qualifie Le Monde est un symbole de la réalité israélienne que l’on ne pourra effacer de sitôt. Chaque heure annonçait ses morts. On se demandait s’ils allaient s’arrêter à 70… Car la barbarie est cynique. On l’a vu récemment dans une vidéo où le tireur d’élite abattait, pour la plus grande joie de ses camarades, une victime palestinienne désarmée et longuement choisie. L’auteur… de la vidéo est activement recherché par l’armée israélienne.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, rares sont les peuples qui ont enduré une telle épreuve. Les guerres jamais interrompues, l’exil, la spoliation, les violences et les humiliations au quotidien, l’occupation, la colonisation, la négation de son identité, la tentative permanente d’éliminer son existence politique et jusqu’à l’épuration ethnique : le sort du peuple palestinien n’a pas d’équivalent dans l’histoire du monde. Cela fait sept décennies que des voix s’élèvent pour hurler l’indignation et exiger la justice. Des voix qui se répètent à l’infini jusqu’à sombrer parfois dans la lassitude et la désespérance même si elles ne renoncent pas.
Aucun gouvernement de la planète ne peut violer le droit international et celui des peuples avec autant de facilité et d’arrogance que le pouvoir israélien fort de sa puissance coloniale et certain de son impunité. Les dirigeants occidentaux, et en particulier européens, portent une responsabilité écrasante dans ce « laisser-faire, laisser-aller » de la barbarie sophistiquée. Le silence – ou l’hypocrisie, c’est selon – de l’Union européenne se complait dans une complicité insupportable.
À la longue, pour ceux qui, comme l’auteur de ces lignes, écrivent sur l’actualité depuis plus d’un demi-siècle, la répétition de l’indignation semble dérisoire et illusoire. Et pourtant, contre cette litanie meurtrière, la solidarité avec le peuple palestinien, y compris celle aussi faible, des mots, demeure plus que jamais, une exigence morale et politique.