Homme de radio et de télévision, Philippe Dasnoy a longtemps promené son élégance et son humour dans les allées de la RTB(F). Ce pionnier du grand reportage et auteur de documentaires était aussi un homme de culture. Autant de denrées rares dans le monde médiatique. Philippe Dasnoy est décédé le 12 juillet dernier à l’âge de 80 ans. Il savait aussi porter un regard (auto) critique subtil et iconoclaste sur l’information à une époque qui ne connaissait pourtant pas encore les dérives contemporaines. Voici ce qu’il disait, en 1973, dans l’émission « Les reporters » ( de Jean Marie Delmée) :
« Je n’ai jamais réussi à saisir quoi que ce soit de vrai dans des événements qui font la manchette des journaux, des événements importants. Lorsque je lisais la presse a propos d’événements que j’avais moi aussi suivi d’une manière circonstanciée – comme le Congo ou l’Algérie- (…), j’y retrouvais l’image que j’avais moi-même été obligé de donner et dont je connaissais exactement la fausseté. Mais la réalité des faits est absolument ignorée et il est impossible de la représenter ou de la saisir. L’objectivité consiste à toujours filmer le plus fort. C’est-à-dire celui qui a raison au moment-même. Quand on revient dans la routine après avoir voyagé…et rien ramené évidemment, sauf des souvenirs personnels qui sont incommunicables, tout ce qu’on a sur la pellicule ou les bandes magnétiques, ce n’est rien… La vérité est tout-à-fait ailleurs, bien entendu… »
Je ne sais pas si la RTBF a prévu de rendre hommage à Philippe Dasnoy. Mais, si c’était le cas, elle pourrait rediffuser avec bonheur un des épisodes dans la grande série « Les Soviétiques » qu’il réalisa avec Jean Antoine. Une leçon de télévision…