La décision de la FGTB de quitter la table des négociations du groupe des dix et d’organiser une journée d’action le 21 février entrainera des conséquences qu’on ne peut pas encore vraiment mesurer mais elle est tous sauf anecdotique. Et ceux qui pensent qu’il s’agit d’un coup de gueule passager pour faire pression sur le gouvernement et le patronat sous-estiment sérieusement l’exaspération non seulement des dirigeants syndicaux mais aussi et peut-être surtout de leur base. Il est vrai que pendant un certain temps depuis la formation du gouvernement Di Rupo, on a pu penser qu’il existait une sorte de partage des rôles : le syndicat exerçait sa traditionnelle pression notamment sur le PS mais pouvait encore estimer, comme les socialistes s’acharnent à le faire admettre, que sans lui ce serait pire.
Aujourd’hui le scénario semble avoir changé. Il faut dire que depuis novembre dernier le gouvernement de centre droit, et son premier ministre socialiste, ont imposé un gel des salaires et une modification de l’index qui sont autant de couleuvres à avaler par les syndicats. Du même coup, il mettait le patronat dans une position de force notamment pour tenter d’arracher de nouvelles concessions syndicales, cette fois en matière de flexibilité. Et cela, alors que le chômage fait rage et qu’avec Ford Genk et Arcelor, tant la Flandre que la Wallonie viennent de connaitre un véritable séisme social. Sans compter les innombrables fermetures moins spectaculaires mais tout aussi dramatiques. Exiger dans ce contexte une plus grande flexibilité qui se traduirait notamment par la possibilité d’augmenter le volume des heures supplémentaires est sans doute la revendication patronale de trop. D’autant que la liaison des allocations de bien être à l’index qui semblait pourtant acquis était constamment remise en cause par le gouvernement.
Il semble bien, à ce propos, que le rôle de la ministre SPA du travail, Monica De Conink, alignée sur les positions patronales, ait été particulièrement provocateur. Aujourd’hui l’exaspération syndicale est totale et a permis de dépasser les traditionnelles tensions et divergences entre les ailes flamande et wallonne de la FGTB. Si cela devait se confirmer dans l’avenir, ce serait une nouvelle donne syndicale d’une importance majeure qui pourrait bien modifier les perspectives du mouvement social.