« Momie, caïman, dinosaure… » : les surnoms n’ont jamais manqué à celui que l’on appelle maintenant « il riecolo – le revoilà ». Mais l’annonce par Berlusconi de sa nouvelle candidature à la présidence du conseil a provoqué une telle tempête en Italie et à l’étranger que le « Cavaliere » en a été, cette fois, désarçonné. Hier, dans la confusion la plus totale, Silvio Berlusconi, tout en maintenant sa candidature, a offert de se désister en faveur de Mario Monti si celui-ci prenait la tête de la coalition de la droite. Proposition réitérée aujourd’hui à Bruxelles lors de la réunion du PPE. Bref, volte-face ambigu et pathétique souligné par tous ces anciens alliés qui ont coupé les ponts avec lui. Et, bien entendu Mario Monti à qui Berlusconi avait fait retirer la confiance de son parti a répondu par une fin de non-recevoir.
-« Pour Berlusconi, les insultes pleuvent de la moitié du monde »
« Pour des raisons de fuseaux horaires, aujourd’hui arrivent celles de l’autre moitié…
La Repubblica 12/12/12
L’avenir politique de Berlusconi semble bien compromis mais son pouvoir de nuisance n’est pas à négliger. Pendant près de 20 ans et trois mandats de premier ministre, il a voulu incarner le rêve américain des Italiens et a réussi à imposer une idéologie de la réussite individuelle à tout prix. Aujourd’hui, il ne renonce pas encore à vouloir exprimer la frustration et la colère de ceux qui sont les victimes de la crise et de la politique menée sous sa propre responsabilité. Et, pour cela, comme toujours avec lui, tous les moyens seront bons.
-« Je comprends qu’avec le retour de Berlusconi, il aurait été embarrassant pour la droite de le soumettre à des primaires… Mais ils auraient au moins pu exiger un petit test psychiatrique »
L’Unita 12/12/12
Les contradictions de la société italienne n’ont sans doute jamais été aussi exacerbées. Car au-delà des péripéties de ces derniers jours, trois courants politiques sont dans une confrontation dont les contours ne sont pas toujours bien définis. Mario Monti et son gouvernement ont incarné et réalisé la politique d’austérité aujourd’hui dominante en Europe. Avec plus ou moins d’enthousiasme et de restrictions, centre gauche et centre droite l’ont soutenu. Mais Monti a aussi bénéficié de l’appui de ceux qui souhaitaient tout simplement une « démocratie normale » retrouvant quelques règles fondamentales du vivre en commun après 20 ans de berlusconisme. Un deuxième courant rassemble pêle-mêle les différents populismes : celui de la Ligue du Nord et ceux du néo-berlusconisme et de son image inversé, le Mouvement des Cinq Stelle de Beppe Grillo.
Enfin, le centre-gauche, avec le Parti Démocrate, entend mener une politique économique et sociale qui ne contredirait pas fondamentalement celle de Monti mais avec un souci d’égalité plus prononcé. La lecture de ces affrontements – et donc l’issue des prochaines élections ne sont pas évidentes. Notamment parce que le Parti Démocrate devra choisir entre l’alliance passée avec la gauche radicale de Nichi Vendola et l’ouverture aux forces centristes des anciens démocrates-chrétiens. Dans le contexte actuel, ce dernier choix sera déterminant pour savoir si un véritable changement est enfin possible en Italie.